«Moi, Hélène, infirmière, 55 ans: au rebut!»

  • Croyant effectuer un stage d'essai, plusieurs infirmières ont constitué une main d'œuvre gratuite pour des EMS.

    Croyant effectuer un stage d'essai, plusieurs infirmières ont constitué une main d'œuvre gratuite pour des EMS.

TÉMOIGNAGE • «Infirmière en fin de carrière, c'est l'enfer, raconte Hélène*, une Genevoise de plus de 50 ans au chômage. Après avoir posé moult candidatures, un Etablissement médico-spécialisé (EMS) vous propose une journée d'observation, non rémunérée. Vous foncez car vous êtes pratiquement sûre d'être embauchée. Vous y mettez tout votre coeur pour, au final, apprendre que vous avez remplacé, de nuit ou de week-end, une autre personne.» Olivia*, même profil et même galère, surenchérit: «Nous nous sommes rendus compte, lors de forums, que cette pratique était courante. Mais qui veut nous engager? Nous coûtons trop cher pour des patrons.»

Pas productif

Du côté des syndicats, Corinne Béguelin, du SSP/VPOD (Services publics), réprouve ce phénomène: «C'est scandaleux, car nous avons une pénurie de personnel de la santé à Genève. Nous devons «piller» les pays voisins et par-dessus le marché, nous entretenons des pratiques de discrimination à l'embauche, par rapport à l'âge du personnel et au chômage.» Même avis pour Brigitte Neuhaus, de l'Association suisse des infirmiers et des infirmières: «Sur le fonds, nous ne pouvons soutenir cette démarche que nous ne conseillons d'ailleurs pas à nos professionnels. Il est impossible de démontrer ses compétences en un ou deux jours.» Quant à la Fédération genevoise des établissements médico-sociaux (Fegems), sa responsable de la communication Armelle Collangelo, tient à nuancer: «Cette pratique d'immersion, usuelle et fréquente dans le monde du travail, est néanmoins soumise à des règles de bonne pratique et de déontologie. L'employeur informe le candidat sur la nature, la durée (brève), les modalités de la mise en situation (non dédommagement, participation aux frais) et sur une éventuelle clause de non responsabilité (en cas de maladie, par exemple).» Hélène conclut, dépitée: «Aucune participation de la part de l'employeur, j'ai dû amener ma blouse et mes repas.»