«Les cafetiers tirent la langue et ils devraient ouvrir maintenant leur WC pour aider financièrement la Ville? C’est un comble!»
Laurent Terlinchamp, président de la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers.
Les WC accueillants, vous connaissez? Il s’agit d’un partenariat insolite entre la municipalité et les bistrots, permettant aux gens d’aller se soulager dans les restaurants sans devoir consommer. Cette formule, qui cartonne en Suisse allemande, vient d’être refusée par la majorité des cafetiers restaurateurs et hôteliers de Genève. «Une Genferei de plus!», regrette Claude-Alain Macherel, codirecteur au Département municipal des constructions et de l’aménagement.
Si la Ville souhaitait pratiquer un tel partenariat, c’était pour compléter l’offre en WC publics mis à disposition par la municipalité. Il faut savoir que l’idée de ce partenariat «municipalité-bistrots» est partie d’une pétition lancée par l’Association des marchés genevois (GHI 5.11.15). Son président Willy Cretegny rappelle que le succès énorme du marché des Grottes les jeudis soir, posait un réel problème d’hygiène: «Soit les gens urinaient dans la rue avec une menace de 350 francs de contravention, soit ils se ruaient dans les bistrots du coin en devant payer encore une consommation», détaille-t-il.
Mais voilà, aujourd’hui, la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers (SCRHG), représentant 1550 cafetiers du canton, ainsi que la Société des hôteliers de Genève, ne veulent pas jouer le jeu du «pipi à l’œil»: «C’est un comble, s’énerve Laurent Terlinchamp, président de la SCRHG. La Ville ne nous a jamais approchés pour nous aider économiquement alors qu’on tire la langue, et aujourd’hui on devrait ouvrir nos toilettes et recevoir une centaine de francs par mois! C’est un comble. En plus, la Ville vient de rénover ses WC publics. Même la Société des hôteliers est de notre avis.»
Une fermeté qui surprend les autorités. «Cela marche très bien en Suisse allemande, rappelle Claude-Alain Macherel. La Ville de Berne a inauguré des WC accueillants la semaine dernière. A Bienne, première ville romande à l’avoir instauré, c’est une réussite. Tout comme à Lucerne et à Thoune. Et la plupart du temps, les gens consomment également.»
Ce qui n’est pas du goût de Laurent Terlinchamp: «Si ça marche en Suisse allemande, c’est parce que les municipalités de ces villes s’occupent mieux, économiquement, de leurs restaurateurs et commerçants!» Et Alain Macherel de renchérir: «La mise à disposition par les cafetiers-restaurateurs de leurs WC sans obligation de consommer, aurait été réalisée contre une rémunération annuelle de 1500 francs, versée par la municipalité. Il ne s’agit pas non plus d’une obligation. Mais c’est aussi une question d’image: celle que l’on veut laisser aux touristes et aux visiteurs étrangers, par exemple. Les établissements concernés auraient été signalés par un autocollant sur la porte d’entrée.» Mais voilà à Genève, cette bonne idée n’est pas prête à voir le jour.