Saint-Antoine: vestiges extraordinaires à sauver

  • La Ville de Genève demande l’ouverture d’un crédit de 14,5 millions de francs pour la création d’un musée.
  • Il mettra en valeur un trésor archéologique découvert lors des travaux de réaménagement de l’esplanade.
  • Le conseiller administratif Rémy Pagani espère l’inauguration pour l’été 2023. Notre dossier.

  • Les vestiges à Saint-Antoine «sont fragiles et ne peuvent pas rester au grand air», avertit Rémy Pagani (en médaillon). DR

    Les vestiges à Saint-Antoine «sont fragiles et ne peuvent pas rester au grand air», avertit Rémy Pagani. DR

  • Le projet prévoit la construction de plusieurs pavillons sur l'esplanade de Saint-Antoine. DR

«On parle d’un voyage de plus de deux mille ans dans l’histoire genevoise»

Rémy Pagani, chargé du Département des constructions et de l’aménagement

Le futur musée du Bastion Saint-Antoine sort de terre. «Le financement du projet est à bout touchant, confie Rémy Pagani, chargé du Département des constructions et de l’aménagement en Ville de Genève. Mi-janvier, le Conseil administratif a demandé l’ouverture d’un crédit de 14’568’200 francs pour la réalisation de l’ouvrage destiné à protéger et mettre en valeur les trésors archéologiques découverts au printemps 2012. C’était lors des travaux de réaménagement de l’esplanade Saint-Antoine en Vieille-Ville», rappelle l’élu.

Patrimoine extraordinaire

Un patrimoine archéologique que les experts unanimes n’ont pas hésité à qualifier d’extraordinaire. «Entre passé gallo-romain et médiéval, on parle d’un voyage de plus de deux mille ans dans l’histoire genevoise», résume Rémy Pagani. Inventaire sous les yeux, on se souvient que les fouilles avaient notamment mis au jour des objets usuels gaulois, des vestiges d’un bâtiment romain du Ier siècle de notre ère, des fondations de l’ancienne église funéraire de Saint-Laurent et sa bouleversante nécropole avec près de 160 sépultures et tombes ainsi que des fortifications du XVIe siècle. «Particularité remarquable, le tout était empilé comme dans un mille-feuille dans un même et unique lieu», précise le magistrat.

Entrée libre

Bonne nouvelle. Ce patrimoine inestimable est bien préservé. «Oui, mais les vestiges sont fragiles et ne peuvent pas rester au grand air. C’est pour les protéger tout en les rendant accessibles au public que nous avons projeté l’aménagement du site archéologique en 2017, rappelle Rémy Pagani. Le concours a été remporté par des bureaux d’architectes romands et espagnols. Leur projet s’intègre parfaitement dans l’environnement patrimonial délicat de la Vieille-Ville. En préservant l’espace public, il prévoit notamment la construction de plusieurs pavillons avec une ouverture vitrée sur l’extérieur. Celle-ci incitera les passants à jeter un coup d’œil sur une partie des objets conservés en sous-sol. Et à découvrir le site dont la visite, entièrement gratuite, sera limitée à 50 personnes simultanément.»

En attendant le feu vert du Conseil municipal, reste à connaître la date prévue de mise en exploitation du musée. «Le chantier pourra démarrer deux mois après le vote. Soit une fois le délai référendaire écoulé, explique Rémy Pagani. Pour l’heure, l’ouverture du musée est planifiée pour l’été 2023. Je suis confiant car le financement est partagé à parts égales entre l’Etat, une fondation privée et la Municipalité (lire encadré). Ce projet fédérateur répond également à un véritable besoin contemporain de valoriser notre patrimoine», conclut le conseiller administratif qui sait aussi, puisqu’il ne se représente pas aux élections municipales de ce printemps, qu’il s’agit sans aucun doute de son dernier grand réaménagement en Ville de Genève.

Répartition des coûts, c’est bien parti

Côté financement, le futur Bastion de Saint-Antoine semble sur la bonne voie. «Les coûts de construction sont répartis à parts quasiment égales entre la Ville, le Canton et une fondation qui ne dit pas son nom», explique le conseiller administratif en Ville de Genève Rémy Pagani. «Dans le détail, la participation de l’Etat, partenaire depuis le début, se chiffre à 4,6 millions de francs. Celle de la fondation privée se monte à 4 millions. Sommes auxquelles il faut ajouter une participation de 1 million de la Loterie romande», détaille l’élu. Avant de préciser: «Tout le reste est à la charge de la Municipalité qui a financé seule le crédit d’étude de 1’230’000 francs voté en 2016. Soit en tout, un total de plus de 6,1 millions au budget municipal. Bien entendu, je parle ici uniquement des coûts de construction. Les charges annuelles liées à l’exploitation du musée doivent encore être définies.»