«On constate aussi la fermeture de certaines entreprises»
Pierre Maudet, conseiller d’Etat en charge de l’économie
Comment endiguer le tourisme d’achat? A Genève, les acteurs du commerce de détail s’arrachent les cheveux pour trouver des solutions rapides et efficaces. Chez Coop, le porte-parole Andrea Bergmann, avoue volontiers qu’il s’agit d’une bataille quotidienne: «Nous négocions en permanence avec nos fournisseurs pour proposer les meilleurs tarifs. Depuis le début de l’année, les prix ont été réduits en moyenne de 17% sur plus de 900 produits cosmétiques.»
Baisse des prix
Même son de cloche chez Migros Genève: «Pour retenir sa clientèle en Suisse, Migros a, depuis plusieurs années déjà, diminué ses prix partout où cela était encore possible, en améliorant notamment ses prestations logistiques, précise Isabelle Vidon, porte-parole du distributeur. Nous portons aussi une attention particulière à la qualité de l’accueil et du service en magasin, à la fraîcheur et à la traçabilité de nos produits.»
Réflexe
Au sein de la coopérative, on constate une augmentation des achats transfrontaliers depuis une dizaine d’années. Depuis l’abandon du taux plancher, en janvier 2015 par la Banque nationale suisse (BNS), ce réflexe s’est nettement accru. Selon la dernière étude réalisée par l’institut GfK, cette hausse s’élève à 6% pour un montant total de dépenses à l’étranger avoisinant les 11 milliards de francs en 2015.
Quelles conséquences?
Si la suppression de postes de travail est la conséquence la plus immédiate du tourisme d’achat (voir encadré), Pierre Maudet, conseiller d’Etat en charge de l’économie, met en garde: «On constate aussi une diminution des marges, la fermeture de certaines entreprises, un impact sur la diversité du commerce genevois et un risque à plus long terme concernant la formation avec la disparation de certaines filières comme l’apprentissage de vendeur.» Depuis quelques mois cependant, cette conjoncture tendue a poussé de nombreux petits commerces à se réinventer en trouvant des solutions pour séduire la clientèle locale. Olivier Bourseau, fondateur d’une boutique de vins, en fait partie: «Depuis l’ouverture du magasin en 2011, nous avons toujours ressenti les effets négatifs des achats à l’étranger. En 2016, cela va un peu mieux car nous avons fait beaucoup d’efforts en multipliant les dégustations, en misant sur un accueil personnalisé et en achetant nos vins directement aux producteurs pour avoir les tarifs les plus compétitifs. Il faut se battre pour se maintenir à flot. Nous comptons beaucoup sur les Fêtes pour clôturer l’année avec le sourire.» L’appel à la mobilisation générale est lancé.