Toutous: gare aux arnaques!

- La protection des animaux s'inquiète de la forte croissance des nouvelles fraudes aux chiens de compagnie.

- Fausses ventes de chiots, faux élevages, vols de chiens contre rançon sont dans le collimateur: la créativité des escrocs est sans limite.

- La Fédération romande des consommateurs met en garde contre les vente sous le manteau de chiots de race.

  • Les escrocs sont imaginatifs pour soutirer de l'argent aux propriétaires de chiens.

    Les escrocs sont imaginatifs pour soutirer de l'argent aux propriétaires de chiens.

«Les arnaques concernant les chiens de compagnie font florès», déplore Sandrine Blessing, responsable de l'éducation canine à la Société genevoise de protection des animaux (SGPA). Pire encore, cette éducatrice dévoile que la créativité des escrocs est sans limites. Jugez plutôt! «Cet été, des Genevois ont réussi à caser leur chien sans devoir payer une pension. Ils ont mis une annonce pour vendre leur animal et sont partis en vacances. Deux mois plus tard, ils sont revenus vers l'acquéreur arguant qu'ils voulaient récupérer leur chien parce qu'aucun contrat n'avait été signé! Cette escroquerie leur a permis de ne pas payer deux mois de pension, ou d'abandonner leur animal de compagnie au bord de la route…» La justice a été alertée et une procédure est en cours.

Pièges

D'autres arnaques aux chiens prolifèrent. Isabelle, pour sa part, avait découvert l'animal de ses rêves par l'intermédiaire d'une petite annonce. Petit hic! Après un rendez-vous rocambolesque à l'aéroport de Cointrin, elle ne recevra jamais le chien promis, mais aura tout de même déjà payé entre-temps les frais vétérinaires pour la douane. «Nous avons été avertis de deux cas de vente fantôme, explique Sandrine Blessing. Dans un cas, il y a eu un versement de 3000 francs, dans le second, la somme était de 700 francs. Mais les chiens n'ont jamais été livrés.»

Avertissements cantonaux

Dans un autre registre, les ventes illicites de chiots devant des supermarchés ont également fait l'objet de recommandations des vétérinaires romands et de la section antifraude douanière en juin dernier, après le démantèlement de deux filières en Suisse romande. Près de 225 chiots, de petites races comme les Yorkshire, les Chihuahuas et Shi-Tsu, provenant de Hongrie et importés à Genève, étaient vendus à la sauvette dans la rue contre 1500 francs. Ces chiots n'avaient pas d'attestation d'origine ni de pedigree et n'étaient pas vaccinés et encore moins sevrés. Le Département genevois de la santé rappelle que «ce commerce illégal présente le risque d'importer des épizooties en Suisse. De nombreux chiots ont des parasites intestinaux, souffrent de diarrhées aiguës et de malformations cérébrales.»

Rapt contre rançon

Outre ces arnaques, une nouvelle forme de délinquance animalière a été découverte le mois dernier à Gland. Une femme s'est fait voler son Bichon maltais et les ravisseurs exigeaient 1000 francs (lire ci-dessous). La jeune Glandoise a été victime du «dognapping» contre rançon. Un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur en France, notamment depuis ces deux dernières années. A Genève, un cas avait été signalé en juin dernier, mais avec une variante. Le chiot avait été volé au cours d'un cambriolage dans un appartement de la Servette. Les malfrats avaient dérobé 30 francs et deux paquets de cigarettes. Un maigre butin qui les a sans doute incités à voler un Bull-terrier de deux mois d'une valeur de 2200 francs environ. «Les cambrioleurs ont appelé le propriétaire quelques jours plus tard pour rendre le chiot», explique Jean-Philippe Brandt, porte-parole de la police genevoise. La victime s'est pointée au rendez-vous avec la police. On ne saura donc pas, dans ce cas, si les cambrioleurs avaient l'intention de réclamer une rançon. «Nous pensons plutôt qu'il s'agissait d'un vol en opportunité», poursuit Jean-Philippe Brandt.

Peur de la plainte

La police genevoise n'est pour l'heure pas confrontée à des enlèvements de chiens contre rançon, mais elle reconnaît qu'il peut exister des cas non déclarés. Ce que confirme le vétérinaire cantonal Jérôme Föllmi: «Nous avons 2 à 3 cas de vols de chiens signalés par année», admet-il. Un vétérinaire, souhaitant garder l'anonymat, nous confie: «J'ai connu un propriétaire, affecté psychologiquement par le rapt de son chien, qui n'osait rien dire et qui a préféré payer 100 francs pour récupérer son animal.» Le vétérinaire rappelle qu'en France, le rapt d'animal contre rançon, est apparu depuis que des propriétaires offrent de grosses récompenses.

 

«1000 balles et je te rends ton chien!»

ChZ • «Si vous voulez récupérer votre chien, venez à la gare de Lausanne avec 1000 francs!» Lorsqu'Isabelle* (*prénom fictif), habitante de Gland, reçoit cet étrange coup de fil, mercredi 21 août, le lendemain de la disparition de son Bichon Maltais, son sang ne fait qu'un tour. «Un type exigeait une rançon, j'ai immédiatement appelé la police!» Le piège s'est ainsi refermé sur les ravisseurs grâce à un traquenard mis sur pied par des inspecteurs: «Les ravisseurs nous ont baladés de Ouchy à la gare de Renens, mais finalement ils ont été arrêtés et j'ai pu récupérer Speedy!»Le Ministère public vaudois a ouvert une procédure. «Les prévenus ont été entendus, détaille le procureur vaudois Denis Mathey. Notre enquête déterminera s'ils seront poursuivi pour vol, extorsion, voire infraction à la Loi sur la protection des animaux si l'animal a été maltraité.» Ces infractions sont passibles de peine de privation de liberté pouvant aller d'un à cinq ans.