Une stèle pour Jo-Johnny! De bleu, de bleu!

  • La tombe du comédien qui a fait rire Genève durant plus d’un demi-siècle est à l’abandon au cimetière des Rois.
  • Indignés, trois de ses amis, Alain Morisod, Pierre Naftule et Raymond Brussino lancent un appel.
  • Ils souhaitent réunir des fonds pour offrir à Jo-Johnny un monument funéraire digne de son nom.

  • Une simple croix en bois et un vase vide ornent la tombe de Jo-Johnny (en médaillon) au cimetière des Rois. CHRISTIAN BONZON/DR

    Une simple croix en bois et un vase vide ornent la tombe de Jo-Johnny (en médaillon) au cimetière des Rois. CHRISTIAN BONZON/DR

  •  Jo-Johnny

    Jo-Johnny

«Jo-Johnny a eu des obsèques à la cathédrale Saint-Pierre et maintenant sa tombe est négligée»

Raymond Brussinoz, un ami du comédien

Jo-Johnny a eu droit à des obsèques à la cathédrale Saint-Pierre et repose depuis 2012 au cimetière des Rois de Plainpalais sur décision du Conseil administratif de la Ville de Genève. Seuls des magistrats et personnalités marquantes ayant contribué, par leur vie et leur activité, au rayonnement de Genève, peuvent y être enterrés.

De son vrai nom Jean-François Girod, Jo-Johnny nous a quittés le 25 avril 2012 à l’âge de 92 ans. Né le 8 novembre 1919, l’homme au tonitruant «de bleu, de bleu» de la célèbre Revue aurait fêté ses 100 ans cette année. Aujourd’hui, il a pour «voisins de tombe» l’homme politique et fondateur du Parti radical James Fazy, l’écrivaine Alice Rivaz, l’artiste et péripatéticienne Grisélidis Réal ainsi que Jean Calvin que l’on ne présente plus. Mais contrairement aux monuments funéraires de ses illustres «immortels», Jo-Johnny – le seul humoriste des lieux – n’a droit qu’à une croix en bois, déjà bien abîmée par le temps. Et le vase posé à même le sol reste désespérément vide.

Stèle noire avec une étoile rose

«La croix pourrit dans la terre, lâche le musicien et homme de télévision Alain Morisod qui, avec ses amis l’auteur et metteur en scène Pierre Naftule et Raymond Brussino, un ami de jeunesse de Jo, a décidé d’offrir un monument digne de ce nom à celui qui a fait rire la République pendant plus d’un demi-siècle. La stèle a été dessinée par le neveu de l’artiste. Elle est en marbre noir avec une étoile rose. Comme celle des stars internationales qui font la renommée du Walk of Fame sur Hollywood Boulevard, à Los Angeles.

«Une façon de lui dire merci»

«Jo-Johnny a eu des obsèques à la cathédrale Saint-Pierre et maintenant sa tombe est négligée. On ne peut pas laisser passer cela», déplore Raymond Brussino.

Il y a quelques jours, des lettres ont été envoyées afin de réunir des fonds pour la tombe (dans les 8000 francs) et, plus tard, pour son entretien annuel au cimetière des Rois. «Nous avons déjà eu des réponses positives. C’est aussi une façon de le remercier, ajoute Alain Morisod. Si tous ceux qui ont eu du plaisir avec Jo-Johnny, ou leurs parents, donnent quelque chose, nous allons y arriver. De bleu de bleu!»

Vous pouvez faire un don pour la tombe de Jo-Johnny: CCP Les Productions Shangali 17-675363-4, Mention Jo-Johnny

Tombes: l'entretien incombe aux familles

«Le Règlement des cimetières prévoit que ce sont les familles qui sont responsables de l’entretien et de l’ornementation des tombes. Nous n’intervenons que si une ornementation n’est pas conforme au règlement, explique Anne Humbert-Droz, cheffe du Service des pompes funèbres, crématoire et cimetières de la Ville de Genève. Si une famille n’orne pas une tombe (par choix ou par obligation) celle-ci est laissée en herbe et entretenue par le Service des espaces verts, comme les allées des cimetières.» En l’état, la Ville n’a pas autorité pour changer la croix de la tombe de Jo-Johnny, «même si celle-ci, datant de l’inhumation [2012] est marquée par le passage du temps». «Si elle présentait un danger ou qu’elle tombait, tout au plus pourrions-nous la retirer», ajoute Anne Humbert-Droz.

Ce n’est que lorsque la concession de case d’une tombe est arrivée à échéance – après vingt ans – et qu’une décision formelle de conservation a été prise que l’administration est en droit d’agir. Les frais de restauration d’une sépulture sont alors pris en charge, dans le cadre du budget d’entretien des cimetières.