Vivre vieux en pleine possession de ses moyens

GRAND ÂGE • La vieillesse peut faire peur. Mais en dehors de vos prédispositions génétiques dégénératives, vous pouvez – simplement – vivre mieux et plus longtemps.

  • Une activité physique modérée contribue aussi à freiner le déclin cognitif. 123RF/LAMMEYER

    Une activité physique modérée contribue aussi à freiner le déclin cognitif. 123RF/LAMMEYER

Avec la collaboration du Pôle prévention et promotion de la santé-Réseau de santé Delta. www.reseau-delta.ch

Oubliez Alzheimer, ça n’existe pas! Au-delà de la boutade, la dégénérescence due à la vieillesse est une accumulation de facteurs favorables et défavorables, tempérés par votre patrimoine génétique. Chacun possède ainsi forces et faiblesses face au vieillissement du cerveau. Votre vie professionnelle, votre formation, votre vie sociale vont ainsi grandement influencer le vieillissement.

Stréotypes dégradants

Pourtant, prononcer le mot Alzheimer, c’est souvent ouvrir un sac d’angoisses qui viendront à leur tour alourdir les difficultés. La crainte qu’inspire cette maladie est d’ailleurs déterminante. En effet, si vous vous sentez vieux ou diminué, vos performances baissent. Une étude révélatrice a été conduite à ce sujet réunissant deux groupes de personnes de 60 à 70 ans. Traitées comme des vieux, les premières produisent des résultats à des tests d’aptitude inférieurs de 20 à 30% à ceux présentés par l’autre groupe, considéré, lui, comme celui des jeunes retraités. Ainsi, vos propres stéréotypes dégradants sur la vieillesse ou une crainte récurrente du grand âge peuvent vous prédisposer à le vivre mal, plus mal, et plus rapidement.

De nombreux facteurs biologiques interviennent également dans ce processus, dont les maladies cardio-vasculaires. Les fumeurs, hypertendus ou diabétiques ont ainsi deux fois plus de risques de présenter un vieillissement accéléré de leurs facultés à l’âge de 70 ans. Les problèmes de vue et d’ouïe sont aussi aggravants, tout comme l’insomnie et l’apnée du sommeil.

Vous êtes au centre

Enfin, les aléas de la vie ont leur part de responsabilité. Chutes et lésions cérébrales vont fragiliser les tissus, ce qui pourra avoir des conséquences importantes. Les événements traumatisants tels que guerres, perte de parents dans la jeunesse ou chocs émotionnels brutaux s’ajoutent au tableau des influences délétères, tout comme le stress et les dépressions récurrentes, à l’origine d’atrophies cérébrales. On comprend dès lors que la recherche d’une pilule miracle qui guérirait l’Alzheimer est pure illusion. Il faut s’attaquer à de multiples facteurs, biologiques et autres.

Et vous pouvez y contribuer. Une activité physique modérée (une demi-heure de marche à un bon pas, cinq jours par semaine, suffit à induire des effets très positifs). Un régime alimentaire équilibré, privilégiant les fruits et légumes et les bonnes graisses joue sur la santé cérébrale et cardio-vasculaire. Par ailleurs, des activités stimulantes, variées et contenant une petite dose de défi contribuent à freiner le déclin cognitif. Il s’agit également de préserver, ou de créer, le sentiment d’appartenance à un groupe. Avoir une place, se sentir utile augmente significativement le bénéfice des activités.

Ainsi, apprendre toute sa vie, rencontrer des amis, rester en forme physiquement et psychologiquement constitue le carré d’as d’un cerveau en santé.

Cité générations propose une consultation «Vieillir et bien vivre», lundi au mercredi.

http://www.vieilliretbienvivre.info

Comment préserver une mémoire qui dérape au-delà d'un certains âge?

AVIS DU SPECIALISTE - DR Anne-Claude JUILLERAT VAN DER LINDEN, neuropsychologue FSP/ASNP

Le danger réside dans la disqualification d’office de la personne qui perd la mémoire. Penser que votre proche n’est désormais plus qu’un malade est pire que tout. La condamnation sociale est parfois une condamnation tout court, alors qu’être qualifié d’Alzheimer n’est pas une fatalité.

L’approche doit être multifactorielle. La biologie est importante, mais il faut aussi comprendre la situation de vie, accompagner la personne et ses proches pour limiter l’impact des difficultés cognitives, établir des techniques personnalisées d’apprentissage. Chaque patient est unique et il s’agit dès lors de se baser sur ses particularités pour faciliter son quotidien: quels sont ses intérêts, ses valeurs, ses hobbies… ce sont autant d’assises solides sur lesquelles se baser pour aller de l’avant et garder un sentiment d’identité.

Des techniques d’intervention spécifiques peuvent ensuite être adaptées à la situation de chacun.