Le Saïgon des enfants-poussière

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LIVRE • Il est des vies qu’on découvre derrière des êtres apparemment monolithiques. Haut fonctionnaire, hussard de la République, possédant une haute idée de l’Etat et de sa mission, Michaël Flaks est de ceux-là.

En lisant Chroniques de la route mandarine, on le découvre en délégué du CICR à gueule d’ange débarquant dans le Vietnam du tout début des années 80. Cinq ans après la fin de la guerre, le pays est encore exsangue. Michaël Flaks, alors âgé de 25 ans, y côtoie de rares Occidentaux évoluant dans un décor kafkaïen.

Il y découvre surtout ces «enfants-poussière», rejetons oubliés des amours entre Vietnamiennes et Américains. Largués, à la rue, ils peuplent leurs rêves d’une Amérique fantasmée. Beaucoup disparaîtront dans le maelström de ce pays dévasté. Finalement emmené aux Etats-Unis, l’un d’eux finira même par croupir 25 ans durant dans le couloir de la mort.

La tendresse domine pourtant dans cet ouvrage qui est aussi une déclaration d’amour au Vietnam, pays «des flamboyants et des aréquiers, des lacs immobiles et des pagodes paisibles bordant ces rizières du Nord qui se perdent dans l’infini entre terre et horizon». CAA

«Chroniques de la Route Mandarine», de Michaël Flaks, préface de Jean Ziegler, Indo Editions, en vente à la Bibliothèque braille romande et livre parlé, Bourg-de-Four 34.