Les pros Tour de Choully montent au créneau

A Satigny, le château d'eau tombe en ruines. Il doit être détruit et remplacé. Une fondation porte un projet de tour en bois offrant une vue sur les vignes. Le financement est bouclé à 80%. La Municipalité juge le projet trop cher et dépassé et préfèrerait installer un mât pour supporter les antennes.

  • Un document en faveur de la Tour circule, présentant les deux options pour remplacer le château d’eau. DR

  • Un document en faveur de la Tour circule, présentant les deux options pour remplacer  le château d’eau. DR

La Tour de Choully se dressera-t-elle au-dessus du vignoble de Satigny? Ou ce projet qui remonte à plus de dix ans sera-t-il échec et mat? Une chose est sûre: la réponse va tomber d'ici peu. Car, prolongée à deux reprises, l'autorisation de construire échoit le 4 décembre. Afin que la tour voie le jour, il s’agit du dernier délai pour ouvrir le chantier.

D'ici là, le 15 novembre précisément, le conseil municipal de Satigny décidera s'il tire ou non la prise de ce projet. Si telle est la volonté de l'exécutif (lire l'encadré), les défenseurs de la tour montent, eux, au créneau. Parmi eux: l’ancien conseiller d’Etat et ex-conseiller aux Etats Robert Cramer, qui préside la Fondation La Tour de Choully, l’ingénieur bois Thomas Büchi ou encore le député vert Philippe Poget.

En tant que secrétaire général de ladite fondation, ce dernier est fier de révéler que «plus de 80% du financement est réuni. Soit 3,685 millions sur les 4,5 millions de coût global. La loterie romande vient d’annoncer sa participation à hauteur de 500’000 francs.» Même somme fournie par une fondation qui ne dit pas son nom. Parmi les principaux contributeurs, on compte diverses entreprises (600’000 francs), ainsi que le Canton (1 million) et Satigny à hauteur d’1 million… dont la moitié reste à confirmer.

S’ajoutent enfin un système de parrainage, proposant à tout un chacun de financer l’une des 165 marches pour 1000 francs ou un palier pour 3000 francs. De quoi réunir d'ores et déjà 85’000 francs.

Promouvoir le vignoble

Le projet remonte à 2008. Cette année-là, Satigny rachète le château d’eau désaffecté des Services industriels de Genève (SIG). Afin de remplacer ce réservoir en béton qui supporte des antennes de télécommunications naît l’idée d’une tour en bois, «au sein de laquelle on pourra monter afin d’admirer le paysage», précise Philippe Poger qui à l’époque portait ce projet en tant que maire de la commune.

Inspirée de la Tour de Sauvabelin, dans la forêt lausannoise, la Tour de Choully s’élèverait à 29,5 mètres de haut. Ce sera le plus haut point de vue du canton, lance Robert Cramer. De quoi promouvoir le magnifique patrimoine architectural du Mandement ainsi que le terroir. Sachant que Satigny est la plus grande commune viticole de Suisse, cette Tour offre une ouverture à l’œnotourisme.»

«Réalisation exemplaire du point de vue environnemental»

Côté construction, «elle sera en chêne, venant des forêts genevoises», détaille Thomas Buchi. Ce projet «100% développement durable» a d’ailleurs le soutien de Lignum, l’association suisse de promotion du bois, présidée par Claude Haegi. «Le bois, si on ne le brûle pas, stocke le carbone, poursuit Thomas Buchi. Avec ses 500 m3, la tour stockera, à elle seule, 500 tonnes de CO2.» Et Robert Cramer d’ajouter: «Cette réalisation qui sera exemplaire au point de vue environnemental montrera la direction à suivre.» A noter que pour atteindre une parfaite harmonie, sa conception repose sur le nombre d’or, «un chiffre magique utilisé pour concevoir les pyramides de Gizeh», souligne Thomas Buchi.

Il est enfin prévu d’intégrer des apprentis de la filière bois au projet, afin que les futurs charpentiers, menuisiers, ferblantiers ou encore étancheurs puissent apprendre sur ce chantier.

Appuyant encore leur argumentaire avec un plan de sécurité et un plan de mobilité, le trio répète que toutes les conditions sont réunies pour passer à la phase de construction. «D’autant plus que sans la tour, il faudra détruire le château d’eau ce qui a un coût», rappelle Robert Cramer. De plus, si la commune veut continuer à louer cet emplacement pour abriter les antennes, un mât sera nécessaire.

«Cet argent servira pour autre chose»

MP • «Le Conseil administratif in corpore veut tirer la prise», explique la maire de Satigny, Anne Penet, en son nom et en celui de ses deux collègues: Willy Cretegny et Anne Révaclier. «Ce projet de tour, c’est un peu l’Arlésienne de la commune», poursuit-elle. Pour comprendre, il faut savoir que l’autorisation de construire remonte à 2018. Et qu’en mars 2020, l'exécutif a changé. «Nous pensons que ce projet n’est plus adapté. Satigny accueillera 5000 habitants d’ici 2024. On doit utiliser l’argent public pour autre chose!» Et d’ajouter: «Cette tour est certes magnifique mais qui va payer pour son entretien et son fonctionnement.» Quid de l’attrait touristique? «Le lieu n’est pas propice. C’est en pleine zone agricole. Les gens vont venir en voiture et vont polluer.»

Reste qu’il faudra bien démonter le château d’eau. «On va devoir l’abattre, assainir le sol et mettre un mât pour accueillir les antennes», confirme Anne Penet. Un mât en ferraille plutôt disgracieux en comparaison avec la Tour non? «Un mât, cela peut être très fin et esthétique», rétorque la maire. Mardi 8 novembre, le Conseil administratif doit présenter une délibération à la commission routes et emplacements communaux demandant l’annulation de la délibération octroyant le solde du million, soit 500’000 francs. Quant aux 500’000 déjà dépensés, ils seraient perdus. Ce sera ensuite au Conseil municipal de se prononcer sur la continuité ou la fin du projet.