«En un seul jour, nous avons offert des denrées alimentaires à 1000 familles démunies, soit exactement 3001 personnes dans le besoin. Du jamais vu jusqu’ici!» Serge Bednarczyk, président du conseil de fondation des Colis du cœur, s’inquiète de l’augmentation de distribution gratuite de nourriture et produits de premières nécessité qui a explosé de 50% en une année. «Tous les mardis, lors de la distribution devant nos locaux de la rue Blavignac dans la zone industrielle de La Praille, nous avons jusqu’à trois heures d’attente! Nos 80 bénévoles ne savent plus où donner de la tête… Et la situation ne fait qu’empirer.»
L’Etat s’inquiète
Cette augmentation de bénéficiaires dont un tiers concerne désormais les familles, a alarmé le Département de l’emploi, de l’action sociale et de la santé (DEAS), qui vient de réclamer un audit interne concernant les critères établis sur la délivrance de ces bons aux bénéficiaires par les assistants sociaux. «Avec l’accord des partenaires associatifs et institutionnels, je viens de solliciter le Service d’audit interne de l’Etat, afin de procéder à une analyse de cette question, confirme Mauro Poggia, conseiller d’Etat en charge du DEAS. Il n’est en effet pas établi que ces bons soient octroyés de manière identique par les divers partenaires sociaux.» Ainsi, tant que la typologie des bénéficiaires n’aura pas été mieux identifiée, l’Etat annonce qu’il ne prévoit pas de nouvelles réformes financières pour venir en aide aux Colis du cœur (lire encadré ci-dessous).
Bénéficiaires sous la loupe
Quelles conditions doit-on remplir pour pouvoir bénéficier, chaque semaine, d’un de ces colis d’une valeur de 30 francs, contenant pâtes, huile, légumes et produits de premières nécessité? «Les bénéficiaires, dont la majorité est composée de nouveaux migrants et de citoyens rencontrant des problèmes d’insertion, ne doivent pas toucher d’autres aides sociales, rappelle Serge Bednarczyk. Et il est obligatoire de vivre sur le territoire genevois.» En attendant, depuis quelques semaines, Colis du cœur s’étonne de l’afflux d’une nouvelle frange de la population en difficulté financière extrême: «Il s’agit de citoyens d’ici, des Genevois dont les revenus sont insuffisants ou inexistants, constate Serge Bednarczyk. Ils sont chômeurs en fin de droit, familles avec de petits enfants qui ont trop de charges de loyer et d’assurance maladie ou encore familles monoparentales, qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Et il y en a malheureusement de plus en plus…»