Un mouchard embarqué dans votre voiture

Dès le 1er avril, le dispositif «eCall» permettra d’écouter les conversations dans l’habitacle. Les «crash recorders» proposés par les assureurs et autres GPS surveillent déjà les conducteurs. Quels sont les bons réflexes à avoir pour se protéger de cette surveillance généralisée?

  • Depuis qu’elle est connectée, votre voiture sait tout de vos déplacements. DR

    Depuis qu’elle est connectée, votre voiture sait tout de vos déplacements. DR

«Nous saluons l’arrivée de systèmes permettant de réduire les accidents»

Nicolas Kessler, porte-parole du Bureau de prévention des accidents

Vous qui pensez être à l’abri de toute indiscrétion dans votre voiture, vous vous trompez. Dès le 1er avril, tous les véhicules neufs seront équipés d’un dispositif imposé par l’Union européenne et baptisé «eCall». En cas d’accident, ce boîtier doté d’une carte SIM contactera automatiquement un numéro d’appel d’urgence en transmettant des données sur le lieu de l’accident, la direction sur l’autoroute ainsi que le nombre de passagers.

Suivi à la trace

Problème, il permettra également d’écouter les conversations dans l’habitacle et de géolocaliser les véhicules en temps réel. Une situation qui irrite Sébastien Fanti, avocat spécialisé dans les nouvelles technologies: «Les données eCall collectées par les centres d’urgence ou leurs services partenaires ne devront pas être transférées à des parties tierces sans l’accord de la personne concernée.» Une position nuancée par son homologue genevois Jean-Cédric Michel: «C’est toujours la même tension entre deux intérêts publics, celui de l’amélioration de la sécurité que cela représente, c’est-à-dire appeler plus vite et plus sûrement les secours en cas d’accident, surtout si les occupants sont inconscients, et celui de la liberté personnelle.»

Du côté du Bureau de prévention des accidents (BPA), le porte-parole Nicolas Kessler se félicite de la généralisation de ce dispositif: «Nous saluons l’arrivée sur le marché de systèmes permettant de réduire les accidents.» En plus de l’eCall, les crash recorders et les GPS suivent aussi à la trace les conducteurs. Et donc peuvent prouver leur culpabilité en cas d’accident. Vitesse lors de l’impact, déviation de la trajectoire, accélération, tout est stocké, parfois à l’insu des automobilistes. Ce dont se défend Mirjam Eberhard, chargée de communication au sein d’Axa Winterthur: «Le crash recorder est gratuit pour tous les clients qui en font la demande. Une étude réalisée par nos soins montre que le nombre d’accidents provoqués par les jeunes conducteurs est inférieur de 15% chez ceux qui sont équipés de ce dispositif.»

But opaque

Reste que l’amélioration des systèmes de récolte des données permet désormais aux constructeurs de tout connaître de vos déplacements. L’étude du Touring club suisse (TCS) Voiture connectée, elle en sait beaucoup sur vous! démontre que les marques savent notamment le nombre de fois où vous utilisez l’éclairage ou activez votre ceinture de sécurité, mais aussi la pression de vos pneus et le niveau de vos liquides. Quel est le but de cette récolte massive? Personne ne le sait, mais à l’heure où les données valent de l’or, il semble évident que la démarche n’est pas exclusivement préventive…