«Visiter un musée est moins risqué que de faire ses courses»

PANDÉMIE • Comme les autres institutions culturelles, le Musée d’art et d’histoire (MAH) a une nouvelle fois été contraint de fermer. Son directeur Marc-Oliver Wahler revient sur ce deuxième coup d’arrêt. Interview.

  • Marc-Olivier Wahler est philosophe et historien de l’art de formation. ©Mike Sommer

La fermeture du Musée d’art et d’histoire, représente un deuxième coup d’arrêt qui, paradoxalement, rappelle le rôle citoyen des musées selon son directeur Marc-Olivier Wahler. Interview.

GHI: Comment vivez-vous cette nouvelle fermeture du Musée d’art et d’histoire (MAH)? Marc-Olivier Wahler: Depuis le début de la pandémie de Covid-19, nous nous sommes attelés à sécuriser les visites au sein du musée. En créant notamment divers types de parcours afin de maintenir les distances entre les visiteurs. Au final, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il était moins risqué de découvrir une exposition dans un musée que de faire ses courses. La preuve, il n’y a pas eu de cluster d’infection dans un musée genevois. Je tiens aussi à rappeler que la culture joue un rôle essentiel en matière de santé morale auprès des Genevoises et des Genevois. Il est encore plus fondamental en ces temps compliqués.

– Donc vous êtes en colère? Non, je ne suis pas en colère car il y a des choses plus importantes en ce moment que de visiter un musée. Mais je suis frustré, ça c’est vrai. Frustré car nos institutions culturelles ont beaucoup à offrir aux citoyens. Et les visites virtuelles proposées par les musées ne remplaceront jamais un parcours en présentiel. Du reste, durant le premier semi-confinement, tout le monde en a eu marre de découvrir des œuvres sur son écran d’ordinateur.

–Si la pandémie de Covid-19 dure plusieurs années, comment allez-vous faire? Techniquement, il nous est possible d’ouvrir, de fermer, de rouvrir et de refermer sur un long laps de temps. Après, une telle situation créerait forcément de nombreux problèmes pour toutes nos activités. Nous serions obligés de tout revoir de fond en comble pour nous adapter. Ce qui ne serait pas du tout évident. Mais j’ai un petit espoir pour que cela n’arrive pas. Du reste, je viens d’envoyer une lettre au Centre national vétérinaire en France pour me renseigner sur les chiens qui détectent le coronavirus. C’est une technique utilisée dans certains aéroports comme à Dubaï, l’idée serait d’en mettre un devant le MAH afin de pouvoir rester ouvert.

– Quelques mots sur le futur du MAH? Nous sommes en train de réfléchir à son rôle dans la cité. L’an prochain, nous allons mettre au concours notre nouveau projet architectural. Avec un début des travaux prévu en 2024 et une inauguration en 2029. Pour autant que la pandémie et les éventuels recours ne nous retardent pas trop. J’ai aussi envie de casser le parcours habituel au sein du MAH en le rendant moins autoritaire. Mon idée est de mélanger les styles et les époques afin de réaliser un grand écart entre culture populaire et temps du savoir.