A nous, les premiers frimas hivernaux. A eux, les prémisses d’un printemps flamboyant. Dans cet autre hémisphère où l’on vise le Nord pour se réchauffer, le Sud pour se rafraîchir, le visiteur européen aura tôt fait de perdre ses repères. Et s’il est suisse, son vertige ne viendra pas de l’altitude, mais bien de l’infinitude d’un territoire où l’on roule des heures sans croiser le moindre véhicule, sans photographier le moindre village, la moindre habitation.
Peu d’animaux dans le décor, hormis les reptiles, quelques rares émeus – les autruches locales – et autres oiseaux aux couleurs paradisiaques, là où les conditions leur sont propices. Les traces imprimées au sol et l’érection d’innombrables termitières laissent cependant deviner la présence de tout un monde invisible.
Carnet de route
Vue d’avion, cette immensité affiche tantôt l’ocre d’un désert ferrugineux, tantôt la verdure pointilliste d’un territoire providentiellement arrosé. Au sol, cette apparente uniformité révèle heureusement mille et une nuances qui, de kilomètre en kilomètre, confèrent au paysage des allures de savane, de toundra, de désolation lunaire, voire de jardin botanique.Le visiteur guette son premier kangourou comme une girafe ou un lion sous d’autres latitudes. Le chauffeur australien, lui, s’en méfie surtout entre chien et loup. C’est l’heure où ces marsupiaux surgissent de nulle part au risque de s’éclater sur le pare-brise et de venir gâcher l’aventure.
Attractions
La carte et le GPS constituent le fil d’ariane menant à ce qui vaut d’être vu, au prix de longues heures de route. Mais les récompenses sont à la hauteur de l’effort consenti: une plage en cinémascope, un canyon digne de l’Arizona, une île de Robinson viennent ponctuer ce voyage aux étapes idylliques. Ici une ferme très isolée pratiquant un agrotourisme raffiné, là une résidence de charme que les plus fortunés atteignent par avion privé; ailleurs, un terrain dévolu aux caravanes et aux tentes basiques qui narguent le glamping cinq étoiles (tarif à l’avenant). Un centre culturel peut aussi célébrer la culture aborigène.
Chaque soir, on guette le meilleur promontoire pour applaudir le grand show du soleil couchant. C’est l’heure des selfies avec reflet dans une coupe de champagne ou une chope de bière, à la santé d’une planète dont on voudrait qu’elle conserve partout cette indicible beauté originelle.