Les lieux cultes de la prostitution de rue dans la cité de Calvin ne sont plus confinés aux Pâquis ou au boulevard des Tranchées. Aujourd'hui le sexe tarifé s'éclate un peu partout en ville. L'effet de la libre circulation et des bilatérales a fait exploser la prostitution. Alors qu'elles étaient que 800 en 2004, les prostituées officielles sont près de 4200 à faire le trottoir aujourd'hui. Ce qui inquiète et heurte beaucoup de citoyens.
Près de l'ancien Stade…
«L'autre soir, je rentrais du travail, et j'ai été étonnée de voir des filles qui faisaient le tapin à deux pas de l'ancien Stade des Charmilles… Elles font le trottoir vers 17 heures, ça fait drôle dans le quartier, ici nous ne sommes pas habitués!» Hélène a un commerce à Châtelaine. Pour elle, le phénomène a commencé il y a un mois environ. «On les voit près de la rue de Lyon, en bas d'un immeuble, en face de l'entrée du parking du centre commercial Planète Charmilles. Elles arpentent le trottoir jusque vers l'ECG Henry-Dunant. Elles vont faire leurs passes dans un immeuble non loin de la rue de Lyon. Un néon rouge à la fenêtre indique aux futurs clients qu'elles sont occupées… On les voit aussi entrer dans des véhicules près de l'ancien Stade.»
Ailleurs en ville
D'autres quartiers, jusque-là préservés, sont également touchés par ce phénomène. «Dans mon immeuble à la rue des Maraîchers à la Jonction, la venue de plusieurs prostituées nous pose problèmes, confie une mère de famille. Depuis cet été où elles ont obtenu des studios dans notre immeuble, la régie a supprimé les codes d'entrées en raison des va-et-vient. Cela provoque des allées et venues et nous craignons les cambrioleurs mais aussi des clients surexcités.»
Marché cassé
Autre conséquence fâcheuse, la venue en masse de ces prostituées qui ne sont pas du sérail a provoqué une chute drastique des prix: «Il y a de plus en plus de toxicomanes qui font des passes à 20 balles!, lance une ancienne des Pâquis. Elles cassent le marché et prennent des risques inutiles car elles acceptent de ne pas se protéger».Parmi les nouvelles, se trouvent également des clandestines, des réfugiées, des Roms ainsi que des toxicomanes. «Moi je viens faire quatre passes par soir près des Charmilles», confie une jeune fille d'à peine 25 ans. La jeune femme a les bras meurtris par les seringues, le regard vague. «M'en fiche, pour 20 ou 30 balles, je fais une gâterie vite faite dans une bagnole…», lance-t-elle presque comme une justification.A ses côtés, une dame, genre maman de bonne famille étonne: «Moi je me prostitue parce que mon mari ne paie plus la pension. Mais la police ne le sait pas! J'ai trois enfants, je n'arrive pas à tourner. Mes enfants pensent que je pars le soir faire des ménages.»A la Jonction, une jeune Croate âgée dans la trentaine, le regard hagard, lance dans un bégaiement: «C'est mon copain qui me demande de faire ça, mais de temps en temps seulement! Je n'ai pas de travail et le loyer coûte cher…»