Plus qu’un potager urbain, un projet expérimental

  • Des fruits et des légumes sur 3000 m2. Tel est le projet qui a germé au cœur du quartier des Nations.
  • Le terrain servira à la production maraîchère agro-écologique et à la sensibilisation à une alimentation locale et de saison.
  • L’objectif est aussi de créer un modèle économiquement viable.

  • L’équipe de bénévoles s’est lancée dans l’aventure avec enthousiasme. GENèVE CULTIVE

    L’équipe de bénévoles s’est lancée dans l’aventure avec enthousiasme. GENÈVE CULTIVE

«Ce nouveau modèle d’agriculture urbaine permettrait de nourrir une partie de la population de la ville»

Juliette Perreard, présidente de Genève Cultive

A Genève, en plein quartier des Nations, un potager urbain d’un nouveau genre va voir le jour. Et il sera de taille: 3000 m2 de terrain destinés à la production maraîchère agro-écologique. Le projet, qui a une vocation expérimentale, prévoit aussi des chantiers participatifs, des cours de cuisine ou de jardinage. S’ajouteront une épicerie et une buvette avec les produits du potager.

L’objectif est de permettre à la population de jardiner, récolter et consommer des produits frais et de saison. Mais aussi de créer des liens. «Nous souhaitons intégrer à nos équipes des personnes en réinsertion sociale et des réfugiés, explique Juliette Perreard, présidente de Genève Cultive. En plein cœur du quartier des Nations, ce potager sera un véritable pont pour combler le fossé du Röstigraben entre la Genève internationale et la Genève locale.»

Nouveau modèle économique

Un potager qui servira à cultiver un savoir-vivre ensemble: «C’est un lieu expérimental qui cherche à mettre sur pied un nouveau modèle économique d’agriculture urbaine qui permettrait de nourrir une partie de la population de la ville», précise Juliette Perreard. En raison de l’explosion démographique, les espaces verts ont en effet diminué au fil du temps. Ces projets d’agriculture urbaine permettent de verdir et de rafraîchir les villes et de prévenir les inondations, notamment. «L’idée est même d’aller plus loin, poursuit Juliette Perreard. On veut voir s’il est possible de créer un projet qui soit viable financièrement sur une petite parcelle de production et sur un temps limité.» Pour cela, l’association a fait appel à des étudiants de la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (Hepia), qui travaillent depuis mars dernier avec Genève Cultive.

Objectifs pédagogiques

«Pour nos élèves, ces travaux avaient tout d’abord des objectifs pédagogiques, détaille Elena Mihailescu, professeure à la filière Agronomie d’Hepia. L’intérêt était de leur permettre d’utiliser leurs connaissances dans le cadre d’un mandat réel et ils ont pu travailler de façon autonome.» En ce qui concerne les conclusions liées à ce projet, elles devront encore être affinées, en fonction des besoins de Genève Cultive. «Tout dépendra des objectifs de l’association, de ce qu’elle souhaite concrètement proposer en termes de cultures et avec quel budget», indique Elena Mihailescu.

Pour l’heure, le potager des Nations est en construction. Une vingtaine de bénévoles s’activent pour préparer le terrain et trouver des fonds. L’association espère récolter les 120’000 francs nécessaires à la mise en œuvre totale du projet. Genève Cultive a également déposé des dossiers de demande de soutien auprès de la Ville et du Canton qui sont en cours d’examen, mais également auprès d’entreprises et fondations privées.

L’association a trois ans et demi pour voir si ce modèle peut faire ses preuves. Le terrain a en effet été mis gracieusement à disposition par la Steiner Investment Foundation, qui fournit aussi une aide logistique pour l’installation. Après ces quatre ans, son représentant, Steiner SA, souhaite développer un projet immobilier sur ce terrain qui convienne aux citoyens et aux organisations internationales. «Si notre modèle fonctionne, on aimerait pouvoir le transposer sur ce projet de Steiner ou ailleurs», conclut Juliette Perreard.

Près de 45 potagers participatifs en ville

Le territoire de la Ville de Genève recense à ce jour près de 45 potagers participatifs publics qui ont impliqué un soutien de l’administration, principalement par la facilitation de leur implantation. «Outre les occasions de rencontres que le jardinage crée, bon nombre de citadins sont avides de pouvoir travailler la terre, produire leur propre alimentation, retrouver le goût des saisons ou encore bénéficier d’espaces de nature en ville», indique Alfonso Gomez, conseiller administratif en charge du Département des finances, de l’environnement et du logement. Devant une demande croissante, la municipalité affiche la volonté de renforcer son action dans ce domaine. «La transition écologique réclame par ailleurs un aménagement de la ville intégrant mieux la nature, permettant davantage de liens avec la problématique agricole et alimentaire», précise Alfonso Gomez.