Sarclo, le «prostate singer» sort sa disco

  • A 70 ans, Sarclot ne songe pas une seconde à renoncer à titiller les cordes de sa guitare. MP

    A 70 ans, Sarclot ne songe pas une seconde à renoncer à titiller les cordes de sa guitare. MP

MUSIQUE • Un seul ouvrage pour résumer plus de quarante ans de chansons. Sorti lundi 23 mai, Sarclo le bouquin réunit tous les textes du chanteur genevois accompagnés souvent des tablatures ainsi que de commentaires et portraits des copains de l’artiste. «Comme le dit le sous-titre, il y a tout Sarcloret, de JC à nos jours», souligne le septuagénaire au regard espiègle, rencontré lors d’une dédicace à la librairie Atmosphère, à Plainpalais.

A ces pages noircies de mots, s’ajoutent quatre CD intitulés J’ai jamais fait aussi jeune; J’ai jamais été aussi vieux; J’ai jamais rien compris à Dylan et J’ai jamais été aussi seul. Le tout a été réalisé durant la période Covid alors que Sarclo vit confiné avec une quinzaine d’amis au théâtre Thénardier, à Montreuil, en région parisienne. «Tous les crétins ont fait un disque durant le confinement. Je les ai coiffés au poteau en en faisant quatre!», s’amuse-t-il.

Un CD produit par Albert Chinet

Du rire, on passe aux larmes. Quand Sarclo saisit sa guitare et entonne Fucking Crabe écrite pour sa compagne atteinte d’une leucémie. Uppercut garanti. Cette chanson, il l’a fait écouter à son fils, Albert Chinet et lui a demandé d’assurer la production d’un CD. Pour compléter, il écrit Les Vieilles Dames de mon âge ou encore Ce que j’aime dans l’amour. «Je n’avais pas envie que la chanson Fucking Crabe soit orpheline», poursuit-il.

Reste ce souci de ne pas écrire si on n’a rien à dire. «Pour faire des chansons, il faut qu’il se passe quelque chose de sérieux dans ma vie. Sinon, ça ne sert à rien! Les mots nous libèrent des choses qui nous ont vraiment touchés.»Résultat: quatre CD. Un comble pour celui qui pensait arrêter sa carrière d’auteur interprète il y a une dizaine d’années. «J’avais 60 ans, l’âge auquel Brassens est mort. Je pensais stopper la chanson pour me concentrer sur mon projet de théâtre.» Il le monte de ses mains, retrouvant son premier métier, celui de charpentier. La photo de couverture de l’ouvrage évoque cette incroyable aventure. «La première fois qu’il y a eu de la bonne musique dans ma salle j’ai pleuré comme un veau», raconte-t-il, encore ému à l’évocation de ce souvenir.

Des moments de magie comme celui-ci, Sarclo en a vécus en 40 ans de carrière. Le plus beau? «Un jour, on jouait à la grange de Renens, sans sono. Sur le toit, un merle s’est posé et a commencé à répondre à la guitare de Simon Gerber. Le public médusé a assisté à ce dialogue entre l’oiseau et le guitariste. C’était fabuleux.»

Quant à ses propres chansons, Sarclo en retient une douzaine. Celles qu’il aime. Parmi lesquelles: Jardin d’enfants; Eloge d’une tristesse; La fille qui nous sert à bouffer ou encore Joli foutoir. Autant de textes emplis de la poésie d’un Brassens accompagnée de la musicalité de Bob Dylan. Le musicien grâce auquel il a commencé à jouer de la guitare. «J’avais 18 ans. J’ai donné 20 balles à un ami pour qu’il m’apprenne les premiers accords.» Un demi-siècle plus tard, quoiqu’il en dise, Sarclo ne semble toujours pas prêt d’arrêter de titiller les cordes et de toucher la corde sensible de son public.