Amour-haine chez les domestiques

  • Après «Antigone», «Le malentendu» et «La putain respectueuse», la création 2016 du théâtre Les 50 s’attaque à Jean Genet. DR

    Après «Antigone», «Le malentendu» et «La putain respectueuse», la création 2016 du théâtre Les 50 s’attaque à Jean Genet. DR

«LES BONNES» • C’est l’œuvre la plus jouée de Jean Genet, même si le grand public connaît davantage La cérémonie de Chabrol, variation sur le même thème qui en est tout autant une citation et un hommage. Les Bonnes (1947), donc, c’est l’histoire de deux sœurs, Solange et Claire, domestiques de Madame, avec qui elles entretiennent des relations ambiguës, entre admiration et détestation, qui les conduiront au pire…

Derrière cette pièce, longtemps méprisée pour sa violence (le spectacle, ici, est conseillé à partir de 14 ans) et son non-conformisme, il y a la force d’une tragédie antique, alliée au modernisme théâtral du mitan du XXe siècle, qui s’exprime notamment par les jeux de rôles que les héroïnes s’imposent (troublante mise en abyme…). A moins que cette appréciation haineuse ne soit le fait du sujet, et de l’écho pas si lointain alors à l’affaire Pépin (deux sœurs, employées de maison et auteures d’un double meurtre sur leurs patronnes en 1933). Ou, peut-être encore, parce que Genet était un dramaturge génial et, comme il se doit, en avance sur son temps. BD

«Les Bonnes» de Jean Genet, jusqu’au 3 avril, théâtre Les 50 à Saint-Jean-de-Gonville; 6 et 7 avril, théâtre Micromégas à Ferney. Rens. www.theatreles50.fr