«La musique classique n’est pas morte!»

Concerts en live streaming, engagement pour les plus démunis, répétitions: l’Orchestre de chambre de Genève n’est pas resté les bras croisés depuis le début de la pandémie. Les musiciens ont été exemplaires, de l’aveu de leur directeur artistique, Arie van Beek.

  • Arie van Beek dirige l’Orchestre de chambre de Genève depuis 2013.

    Arie van Beek dirige l’Orchestre de chambre de Genève depuis 2013. ©Grégory Batardon

Arie van Beek est un homme attachant. Comme beaucoup de passionnés en ces temps compliqués, le directeur artistique de l’Orchestre de chambre de Genève fait contre mauvaise fortune bon cœur. La pandémie est là, forcément. Mais il y a la vie qui continue, la possibilité de se réinventer, d’aider ceux qui souffrent, d’élargir son horizon. Et espérer pouvoir enfin tourner la page.

GHI: Comment avez-vous vécu ces semi-confinements à répétition? Arie van Beek: C’était particulier. De toute façon, cela ne sert à rien de se plaindre, de s’énerver, de se révolter ou de maudire la pandémie, cela n’y changerait absolument rien. Autant en profiter pour apprécier le temps libre à disposition. C’est ce que j’ai fait lors du premier semi-confinement au printemps dernier. Tous les jours se ressemblaient, mais cela me plaisait. Le matin, je me levais au plus tard à 7 heures pour travailler, j’apprenais des partitions notamment. L’après-midi était dédié à d’autres plaisirs, j’allais, par exemple, me balader pendant une heure, je cuisinais aussi et je prenais du temps pour lire des auteurs fascinants comme l’écrivain allemand Thomas Mann. Le deuxième semi-confinement n’a pas été plus compliqué en ce qui me concerne. Dans ce genre de situations, il est absolument essentiel de changer d’état d’esprit.

– L’Orchestre de chambre de Genève a vécu ces coups d’arrêt de la même manière? La première chose à dire, c’est que les musiciens ont été tout simplement exemplaires. Ils ont fait preuve d’une formidable cohésion. Durant le deuxième semi-confinement, ils ont répété avec d’autres chefs d’orchestre que moi. Car mon mandat se termine dans deux ans, il est donc essentiel de me trouver un successeur. Nous avons aussi joué sans public, ce fut le cas au Victoria Hall. Nos concerts ont ensuite été retransmis en live streaming sur Léman Bleu ou YouTube. Je dois vous confier que c’est une expérience étonnante. Car, d’habitude, quand le public est là, il n’est pas nécessaire de le regarder pour le sentir. Dans une salle vide, c’est tout de même étrange.

– Avec l’arrivée des vaccins, l’année 2021 pourrait être celle de la reprise des concerts, vous y croyez? Très sincèrement, je n’en sais rien. Il est vrai que notre programme est déjà établi jusqu’en 2022, alors que nous ne savons même pas si nous pourrons jouer en février ou mars prochain. Ce qui ne change rien à notre quotidien, nous devons tout de même nous préparer, nous réunir et répéter. Nous travaillons même deux fois plus car, tous les jours, les choses évoluent. Après, je ne vous cache pas que nous réfléchissons à des alternatives si une troisième vague devait arriver au printemps. Nous pourrions enregistrer des concerts, proposer des albums, cela n’a pas encore été décidé.

– L’été dernier, l’orchestre s’est aussi engagé en faveur des plus précaires en s’associant avec la Fondation Partage. C’était une évidence? Oui, nous essayons toujours d’aider quand nous le pouvons. En échange d’un don, les gens pouvaient télécharger un extrait des Quatre saisons de Vivaldi. Nous avons aussi soutenu des causes dédiées à la lutte contre le cancer du sein ou en faveur des malvoyants. Cela nous tient à cœur et ces moments de partage en musique sont toujours merveilleux. Je tiens à rappeler que la musique classique n’est pas morte! Les gens veulent venir à nos concerts et c’est ce qui me rend optimiste pour l’avenir de l’Orchestre de chambre de Genève.