Communes: maintenant, au boulot!

MUNICIPALES 2015 • Ouf! Genève arrive au bout d’un processus électoral beaucoup trop long. Souhaitons bonne chance aux élus. Ils doivent maintenant se mettre au travail. Et se battre pour leurs communes.

  • Le moment est venu de retrousser ses manches et de se mettre au travail! ISTOCK

    Le moment est venu de retrousser ses manches et de se mettre au travail! ISTOCK

«Nous élisons des représentants pour qu’ils travaillent»

Pascal Décaillet

De longues semaines de campagne, interminables. Un système à deux tours, où la tension, nécessairement, se relâche entre les deux échéances, parce que les gens, en toute légitimité, commencent à en avoir marre. Pour les exécutifs, une élection majoritaire qui favorise les alliances, même saugrenues. Tout cela, dimanche 10 mai, en fin d’après-midi à Uni Mail, sera tranché, pour cinq ans. Depuis le 19 avril, nous connaissons déjà la composition des Conseils municipaux (délibératifs). Ce dimanche, nous aurons celle des Conseils administratifs (exécutifs). Enfin, l’affaire sera bouclée! Pendant cinq ans (nouvelle Constitution), plus de campagne pour les communes. Plus de stands. Les réseaux sociaux vont se dégonfler. Ce sera, pour prendre une comparaison qui parle ces jours aux Genevois, la fin de la grande crue: nous pourrons penser à autre chose. Et les élus, impérativement, devront se mettre au boulot.

Défendre ses positions

Car enfin, pourquoi élisons-nous des représentants, dans les communes ou ailleurs? Pour qu’ils passent leur temps à communiquer entre eux, comme dans un club, dans les apéros mondains ou sur les réseaux sociaux? Non, bien sûr: nous les élisons pour qu’ils travaillent. En fonction de la bannière sous laquelle ils ont été élus, en étant fidèles à leurs engagements, à leurs idées, et non en se précipitant, dès le départ, dans des alliances avec leurs adversaires. Le fameux consensus helvétique ne résulte pas, contrairement à l’image que voudraient en donner certains, à faire immédiatement la paix avec l’autre camp. Mais à défendre fermement ses positions, se battre pour sa vision, quitte, à la fin, à négocier des solutions de compromis. En clair, si on élit des gens sous une étiquette de parti, ça n’est pas pour qu’ils se jettent, toutes affaires cessantes, dans les bras de ceux qu’ils venaient de combattre pendant la campagne. Le consensus suisse ne doit être synonyme ni de lâcheté, ni d’illisibilité.

Engagement méritoire

Cinq ans de travail, donc, au service des communes. Nous l’avons déjà dit ici: cet engagement est méritoire et force le respect, parce que les thèmes traités dans les Conseils municipaux sont souvent très concrets, prosaïques et ne bénéficient pas d’une grande publicité. On va s’échiner sur des ronds-points, des canalisations, des plans directeurs, au mieux sur des projets de logements. Beaucoup, hélas, perdront courage, démissionneront en cours de législature: la proportion de ces départs est impressionnante. Ils feront peut-être la joie des «viennent ensuite», mais l’image donnée par ces désaffections n’est pas bonne pour la chose publique.

Soutien des citoyens

Quant à nous, citoyens, soutenons la Commune. Elle est le premier échelon de proximité avec la population. Et gardons un œil très sévère sur la tendance de l’actuel Conseil d’Etat, où règne un esprit de géomètre, arpenteur de cadastre, à trop les régenter, sous prétexte que le Canton est «autorité de surveillance». Corriger les abus, oui, mais remplacer le pouvoir des communes par un jacobinisme cantonal étriqué, avec des fonctionnaires en guise de préfets, c’est ne rien comprendre à l’affection des citoyens pour ce premier lieu de pouvoir, si proche d’eux, si loin des parfums d’arrogance et des extases de géomètres, face à la mathématique révélation de la Lumière.