Conseil des Etats: le retour de la droite?

ÉLECTIONS FÉDÉRALES • Le Conseil des Etats, c’est deux représentants par canton. Face au duo de gauche sortant, Mme Maury Pasquier et M. Cramer, le ticket de l’Entente, MM. Loretan et Genecand, pourrait commencer à avoir ses chances. Analyse d’une bagarre qui va s’avérer difficile.

  • Raymond Loretan,PDC et Benoît Genecand, PLR. DR

    Raymond Loretan,PDC et Benoît Genecand, PLR. DR

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    Raymond Loretan,PDC et Benoît Genecand, PLR. DR

«Qui va gagner? Je n’en sais rien! Mais la bataille sera rude.»

Pascal Décaillet

Dans moins de six semaines, le dimanche 18 octobre, se dérouleront, dans toute la Suisse, les élections fédérales. Elles ont lieu tous les quatre ans, et visent à renouveler les 200 membres du Conseil national (représentation proportionnelle au nombre d’habitants de chaque canton, 11 pour Genève), et les 46 (deux par canton) du Conseil des Etats. Ici, c’est cette dernière élection qui nous intéresse: les Etats, qu’on appelle aussi «Chambre des Cantons», c’est du lourd, c’est prestigieux, les deux élus ont pour rôle de défendre sous la Coupole fédérale les intérêts vitaux du Canton qu’ils représentent. Et puis, dans la vie, faire partie d’un groupe de deux, c’est plus valorisant que n’être qu’un parmi onze, non? Bref, il y a de l’enjeu. Et il y aura de la bagarre! Nul d’entre nous, en ce début septembre, n’est capable de prédire avec certitude le duo gagnant.

Bizarrerie

D’ailleurs, ce duo pourrait bien n’être pas encore connu au soir du 18 octobre, car le système majoritaire de l’élection se jouera cette fois, pour cause de nouvelle Constitution, en deux tours, du moins pour tout candidat n’ayant pas atteint la majorité absolue au soir du premier. Pour cette élection, les partis ont bien compris qu’ils ne pouvaient envoyer n’importe qui: ils ont besoin, à gauche comme à droite, de personnalités. Des gens connus. Mais aussi, des gens reconnus comme capables, compétents, pour siéger dans une Chambre où l’on parle assis, si possible sans s’énerver. On y est même invité, colossale bizarrerie, à faire preuve de respect pour ses collègues, on ne les interrompt pas, tout au plus peut-on y piquer un petit somme, mais alors discrètement: ronflements très mal vus.

Gauche ou droite?

Depuis huit ans, c’est un duo de gauche qui représente Genève au Conseil des Etats: la socialiste Liliane Maury Pasquier, le Vert Robert Cramer. Par deux fois, en 2007 et 2011, la droite genevoise a échoué dans ses tentatives de maintenir, ou de reconquérir, un ou deux sièges. La mécanique électorale, mais aussi la discipline de vote à gauche ont, par deux fois, décidé de la victoire. Cette année, les deux sortants de gauche sollicitent chacun un troisième mandat. Mais en face, l’Entente arrive avec un duo de grande qualité: tant le député PLR Benoît Genecand que le PDC Raymond Loretan font le poids.

Il y a d’autres candidats (Céline Amaudruz, Yves Nidegger, Salika Wenger, Jean Batou, Eric Stauffer, Thierry Vidonne), sur lesquels nous reviendrons bien sûr, mais le choc final pourrait quand même bien se produire entre ces deux duos-là. Aucune élection n’est prévisible par la seule mathématique, mais au système majoritaire, on peut prévoir, sauf événement de campagne inattendu, les regroupements de second tour.

Alors, qui va gagner? Je n’en sais rien! Mais la bataille sera rude. La droite, cette fois, est véritablement animée par un esprit de reconquête. Cette fois, oui, elle commence à y croire. Elle se dit (Benoît Genecand l’a même reconnu dans l’émission Les Yeux dans les Yeux, sur Léman Bleu) que la mécanique de gauche devrait, même unitaire, se casser les dents sur la majoritaire à deux tours. C’est, en effet, une possibilité. Mais nullement garantie: tout va dépendre du talent des uns et des autres, de leur connaissance du terrain, leur aptitude à la bataille. A cet égard, les qualités sont équitablement partagées, à droite comme à gauche de notre échiquier politique.