Nécessité fait loi

  • Giancarlo Mariani, rédacteur en chef

    Giancarlo Mariani, rédacteur en chef

La nouvelle vient de tomber. La Ville de Genève lance un appel d’offres pour l’exploitation d’une Fan Zone lors de l’Euro de foot 2016. Première surprise: le retour sur la plaine de Plainpalais. Pour mémoire, après l’Euro 2008, le Conseil administratif s’était refusé à retenir ce lieu pour accueillir une Fan Zone. S’il est revenu sur sa décision, c’est surtout parce que l’esplanade des Vernets est jugée trop exiguë et que celle du Stade de Genève n’est pas disponible. Nécessité faisant loi… Ce qui surprend aussi, c’est le très mauvais timing. La compétition se déroulera du 10 juin au 10 juillet. Autrement dit, les potentiels organisateurs n’ont quasiment pas de temps pour relever le défi. De là à penser qu’il pourrait s’agir d’un appel d’offres alibi, il n’y a qu’un pas… D’autant que, le cahier des charges imposé n’est pas dépourvu d’obstacles. Ainsi, les candidats devront non seulement s’engager à organiser une manifestation gratuite, populaire et tout public. Mais ils devront aussi présenter un concept de gestion des déchets, de nettoiement et sanitaire. Autant dire que, pour rentrer dans leurs frais, les organisateurs risquent de louer très cher leurs stands, principale source de financement de la manifestation. Pas certain que les commerçants prennent le risque de jouer les vaches à lait pour combler les déficits éventuels. Plus contraignant encore, les organisateurs devront présenter un concept de sécurité qui devra être approuvé par le Canton. Cela revient à donner aux services de Pierre Maudet un droit de vie ou de mort sur la manifestation. Car on voit mal, à l’heure où la menace terroriste pèse de tout son poids et que les débordements lors des matches à risques, notamment le week-end, sont quasiment systématiques, un organisateur prendre en charge une partie de la sécurité sans se ruiner ou sans le soutien massif des forces de l’ordre. Bref, tous les éléments sont réunis pour qu’aucun dossier ne donne satisfaction, à moins que, encore une fois, des aménagements du cahier des charges ne soient trouvés à la dernière minute. La dernière minute… une spécialité bien de chez nous.