Pour passer, il faut montrer patte blanche. A Moillesulaz, l’une des neuf douanes encore ouvertes sur la frontière franco-genevoise, le contrôle est systématique, depuis le lundi 16 mars à minuit. Après les bouchons des premiers jours, le trafic routier entrant a chuté d’environ 75%.
Changement radical
En ce jeudi matin, veille de week-end pascal, les voitures franchissent la douane au compte-gouttes pour entrer dans le canton. Dans une file spécifique, les cyclistes posent le pied à terre le temps de sortir leurs papiers. Tandis que les piétons font la queue en respectant le marquage au sol. Du jour au lendemain, la douane de Moillesulaz a changé de visage.
Ici, à la mi-décembre, le Grand Genève coupait un ruban symbolique pour célébrer la révolution de la mobilité transfrontalière avec le tram et la mise en circulation du Léman Express. Aujourd’hui, la frontière est plus marquée que jamais. «On contrôle tout le monde», précise le caporal Alain Buchs, garde-frontière. Le bâtiment flambant neuf a été inauguré une semaine avant le début de la crise sanitaire. «Ce poste devait être un point d’appui. Il est désormais ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre.»
Suisses autorisés
Munis de gants mais sans masque, les agents stoppent les automobilistes d’un signe. La vitre s’abaisse. «Bonjour. Vos papiers s’il vous plaît?» demande le garde-frontière. La phrase est devenue un automatisme. Idem dans le tram 17. Un duo en uniforme pénètre dans la première rame et contrôle les voyageurs un à un. Ce n’est qu’une fois cette vérification faite que le conducteur TPG libère ses passagers.
«Le principe, c’est celui de la restriction des entrées sur le territoire, stipule le caporal Buchs. Toutefois, il y a des conditions dérogatoires.» Sont autorisés les ressortissants suisses, les personnes disposant d’un permis d’établissement en Suisse et les travailleurs frontaliers. Certaines activités professionnelles, comme un maréchal-ferrant ou un ferblantier, peuvent être exercées à condition de disposer des autorisations préalables.
Tourisme d’achat interdit
Le caporal Buchs poursuit: «L’article 3 de l’ordonnance fédérale sur le Covid-19 prévoit aussi une exception dans les situations d’urgence, par exemple médicales.» Et d’ajouter: «Si une femme est victime de violences domestiques chez elle et qu’elle peut trouver refuge de l’autre côté, il est évident qu’on va la laisser passer.» Quant aux enfants en garde alternée de part et d’autre de la frontière, il est déconseillé de continuer l’alternance.
«L’objectif de ces contrôles est de limiter les déplacements et les flux de personnes inutiles afin de contenir la pandémie. Le tourisme d’achat et les déplacements pour les loisirs en font partie», explique Donatella Del Vecchio, porte-parole de l’Administration fédérale des douanes. Impossible aussi de rejoindre son amoureuse, même si elle habite à Thônex.
A noter, mardi 14 avril, que plusieurs automobilistes ont dû prendre leur mal en patience. «La reprise de certaines activités a entraîné des temps d’attente plus longs à Meyrin et Perly, confirme la porte-parole. A Bardonnex, c’était en moyenne vingt minutes, comme les jours précédents.» Le dispositif va s’adapter à la situation qui ne va cesser d’évoluer ces prochaines semaines. Neuf douanes sont ouvertes. Nouveauté: celles de Veyrier et Mon Idée sont désormais fermées les week-ends et jours fériés. Elles sont ouvertes de 6h à 20h uniquement les jours ouvrables.