Circulation: quand le GPS 
nous pousse à l’interdit

TRAFIC • Parmi les applications qui nous aident à nous orienter en voiture, Google Maps propose régulièrement d’emprunter des routes pourtant réservées aux riverains ou même interdites à la circulation. La police rappelle les règles.

  • La police rappelle que les GPSne sont qu’une aide à la conduite et n’autorisent pas les automobilistes à transgresser la loi sur la circulation.

A Genève, quand il faut prendre le volant à 17h, de nombreux automobilistes ont d’ores et déjà adopté le même réflexe: utiliser un GPS. Une action devenue quasiment indispensable pour éviter les ralentissements et traverser la ville la plus embouteillée de Suisse. Problème: lorsque la situation est chaotique sur la route, l’application de Google propose régulièrement des chemins plus courts passant par des lieux pourtant strictement réservés aux riverains ou, pire, même interdits à la circulation. La faute à un manque d’information sur le dispositif, mais aussi à la localisation de nos appareils, qui avec une marge d’erreur de quelques mètres, peut nous situer sur une autre route. Et nous propose des trajets parfois invraisemblables.
Ainsi, si le trafic est paralysé dans le quartier de Cornavin et que vous êtes localisés au croisement passage des Alpes – place de Cornavin, le GPS n’hésite pas à vous proposer de privilégier l’esplanade devant la gare (s’il vous situe de ce côté), pourtant formellement interdite aux transports individuels motorisés. Comme de nombreux automobilistes empruntent justement le passage des Alpes en direction du centre-ville en feignant d’entrer dans le parking, c’est une horde de véhicules qui s’engagent aux heures de pointe. Un scénario que l’on retrouve également dans le secteur de Bel-Air, à la rue de la Corraterie, et à divers autres endroits de la ville. Mais aussi à la campagne: ici, Google nous invite dans certains cas à emprunter des chemins à travers champs dédiés aux riverains, parfois au milieu des vignes et des employés agricoles.
Malgré le caractère interdit des trajets proposés, rien sur l’application ne signale à l’automobiliste qu’il se trouve sur une artère réservée aux riverains ou non autorisée. De quoi encourager les mauvais comportements de certains conducteurs impatients, ou lassés d’attendre que la situation s’améliore à Genève. Et surtout très heureux d’avoir trouvé une issue à leur calvaire.
Règles de circulation
Et pourtant, leur bonheur risque bien d’être de courte durée à chaque fois qu’ils s’engagent au mépris des panneaux et des règles de circulation. Car le GPS, qui est avant tout une aide pour orienter les conducteurs, ne se substitue pas à la loi. C’est ce que rappelle la police cantonale: «Le respect des règles de la circulation (LCR) prime sur toute indication fournie par ce type d’appareil. L’une des principales règles à respecter est l’observation des panneaux de circulation, comme l’interdiction de circuler», prévient la lieutenante Aline Dard, chargée de communication en prévention et porte-parole pour la police genevoise. Et de donner un autre exemple: «Si vous roulez sur l'autoroute sur un tronçon habituellement réglementé à 120km/h et qu'en raison de travaux la limitation est baissée à 80 km/h, vous devez respecter cette limitation, bien que le GPS continue à indiquer la limite maximum à 120 km/h. Si vous vous faites prendre au radar à 120 km/h vous serez sanctionné», rappelle Aline Dard.
De son côté, Google Suisse se dit soucieuse de corriger «immédiatement» toute erreur annoncée. Sur son site Internet, plusieurs liens permettent aux usagers de signaler toute inexactitude. Pour les nombreux cas problématiques, l’entreprise rappelle – à juste titre – que son application ne propose pas ces trajets si l’on ne se trouve pas dans la zone concernée. Traduction: si le GPS se trompe de quelques mètres, c’est donc à l’automobiliste d’être vigilant et de ne pas s’engager là où c’est interdit.
L’entreprise détaille aussi la manière dont fonctionne son application, qui se nourrit de données très variées, dont les informations collectées par la «communauté des utilisateurs de Google Maps» ainsi que des images recueillies via Street View et par satellite. Mais aussi les informations communiquées par des tiers et par les autorités locales. Si de très nombreux conducteurs s’engagent sur une rue interdite, que les autorités omettent de signaler des changements ou qu’un accident entraîne une déviation, il n’est donc pas impossible qu’un trajet interdit soit proposé. Sur Internet, on retrouve plusieurs demandes de modification en ce sens de la part d’automobilistes. A chaque fois, l’entreprise a fini par corriger son erreur. «Mais ce genre de modifications peut mettre quelques jours à se propager dans tous les systèmes», informe un développeur. Pour éviter une sanction, c’est donc bien au conducteur d’ouvrir l’œil.