Forte hausse des demandes à l'Hospice général

En moins d’un an, le nombre de dossiers traités a augmenté de 8%. Cette hausse s’explique surtout par la faillite de nombreux indépendants. Plus inquiétant encore, la précarité devrait exploser en 2021.

  • Pour Christophe Girod, une partie significative

    Pour Christophe Girod, une partie significative de la hausse des demande est directement imputable à la crise sanitaire. NICOLAS RIGHETTI

Après la crise sanitaire, la crise économique. Ce qui était annoncé se confirme désormais dans les chiffres. A l’Hospice général, le nombre de dossiers traités a augmenté de 8% entre décembre 2019 et octobre 2020. Une hausse qui s’explique surtout par les deux semi-confinements, selon son directeur Christophe Girod: «Une partie significative de cette hausse est directement imputable à la crise sanitaire et aux mesures prises pour combattre l’épidémie de Covid-19. Les mesures de semi-confinement ont eu un très fort impact en particulier sur les indépendants qui se sont retrouvés pour certains sans activité et donc sans revenu du jour au lendemain, plongeant toute une frange de la population dans la précarité. Durant la première vague de ce printemps, nous avons reçu jusqu’à 50 nouvelles demandes d’indépendants par semaine alors que nous en traitions entre 10 et 15 par mois durant les années précédentes.»

Tension et incertitude

Une analyse partagée par Thierry Apothéloz, conseiller d’Etat en charge du Département de la cohésion sociale (DCS): «L’Hospice général a traité plus de 600 demandes d’indépendants depuis le 18 mars. Par catégorie d’âge, ce sont les personnes de plus de 50 ans dont la part progresse le plus parmi les nouveaux dossiers, ainsi que les personnes seules par rapport à celles en couple. Parallèlement, le nombre mensuel de dossiers clos baisse de 9% en 2020.» Concrètement, cela signifie que les bénéficiaires de l’aide sociale ont plus de difficultés à retrouver un emploi. La faute, évidemment, à une situation économique extrêmement tendue et incertaine.

Ce qui ne présage rien de bon pour ces prochains mois, selon le directeur de l’Hospice général: «Il est à craindre que tant que la situation se prolongera, les demandes d’aide sociale continueront d’augmenter en 2021. De plus, le nombre de personnes en fin de droit de chômage va très probablement augmenter dans les mois à venir. De grandes inconnues résident aussi dans la manière dont les entreprises se comporteront dans la durée, notamment quand les indemnités de chômage partiel [RHT] prendront fin.»

Opportunités à saisir

Un climat incertain qui inquiète Thierry Apothéloz: «L’époque est bercée d’inconnues. De nombreux ménages connaissent des difficultés. Des complications sont à craindre également au niveau du logement, pour lequel des pistes sont actuellement à l’étude avec les milieux intéressés.» Christophe Girod se veut néanmoins rassurant: «La période que nous vivons et l’incertitude quant à l’avenir sont certes inquiétantes mais il y a également des opportunités d’emploi à saisir dans des domaines qui sont en recherche de main-d’œuvre (administration, nettoyage, transport-logistique, vente dans le secteur alimentaire, santé).»

Pas sûr que ces opportunités suffisent à endiguer une explosion des demandes d’aide sociale l’an prochain…

Un bureau pour orienter et informer

Pour faire face à la hausse de la précarité, le Canton a mis sur pied un Bureau d’information sociale à l’attention des personnes se trouvant dans une situation de vulnérabilité. Il est situé à la paroisse Saint Pie X au carrefour du Bouchet (chemin du Coin-de-Terre 2, Châtelaine). Sur place, toute personne qui le souhaite se voit fournir une information sociale de base ainsi qu’une orientation vers l’organisme le plus adéquat en fonction de sa situation. Un soutien est proposé aux personnes éligibles aux prestations sociales cantonales pour constituer ou mettre à jour leur dossier. Le Bureau d’information sociale se veut complémentaire aux permanences sociales privées ou publiques existantes, qui se trouvent aujourd’hui fortement sollicitées.