Les nettoyeurs de la Ville sortent de l’ombre

PROJET PILOTE • Nettoyer les bâtiments administratifs de la Ville le jour plutôt que la nuit. C’est le combat mené par la magistrate socialiste Sandrine Salerno pour valoriser le travail des nettoyeurs. Une lutte qui divise.

  • Un projet pilote permet au nettoyeurs de la Ville d’accéder au 2ème pilier. ISTOCK

    Un projet pilote permet au nettoyeurs de la Ville d’accéder au 2ème pilier. ISTOCK

Ils sont solitaires, souvent invisibles et travaillent pour des salaires de misère. Leur métier? Nettoyeur. «Leur condition profesionnelle n’est pas acceptable, s’indigne Sandrine Salerno, conseillère administrative en Ville de Genève. J’ai donc lancé le 1er septembre 2014, un projet pilote au sein de mon département afin de diminuer la précarité des nettoyeurs. On n’est pas condamné à faire des working poor». Le principe du projet? Le personnel de nettoyage effectue désormais son travail de jour. «Ce changement permet d’exiger des taux d’activité supérieurs à 50%, contrairement à ce qui est couramment pratiqué, explique la magistrate. Les nettoyeurs gagnent ainsi un salaire horaire plus élevé et, surtout, accèdent au 2e pilier».

Expérience pilote

«Ce projet pilote améliore les conditions de travail des nettoyeurs de la Ville», poursuit Sandrine Salerno. Pour cette expérience, deux femmes ont été engagées à 80% avec des horaires fixes. En plus d’avantages salariaux, ce cadre leur permet d’établir des liens sociaux mais aussi de bénéficier d’une vie de famille. Cerise sur le gâteau, leur ménage ne gêne pas les collaborateur au bureau.

Divergences politiques

Forte de cette première tentative réussie, la magistrate chargée des finances se bat pour que le travail de jour soit étendu à l’ensemble des locaux de la Ville. Problème? Cela représente un surcoût d’environ 400’000 francs que tous les départements ne sont pas enclin à débourser. Aujourd’hui, trois dicastères sur cinq ont accepté. Ce qui signifie que seuls 15% des espaces administratifs sont concernés par le projet. L’un des motifs de refus porte sur la volonté de réinternaliser le service de nettoyage, plutôt que d’avoir recours à des prestataires externes.

«Le projet pilote est une situation transitoire plus satisfaisante, précise de son côté, Valérie Buchs du Syndicat interprofessionnel des travailleurs (SIT). Mais ce n’est pas encore ce que l’on demande. Nous souhaitons que le service soit réinternalisé comme c’était le cas avant». Pour Sandrine Salerno, cette disposition serait idéale mais l’opération de réinternalisation représente un surcoût d’environ 3 millions de francs. Il faudra donc attendre l’été 2015, et les discussions autour du budget de la Ville pour que le débat soit ouvert.