«Ce massacre écologique et ses conséquences coûtent aussi cher à l’Etat»
Luc Barthassat en charge du Département de l’environnement des transports, et de l’agriculture (DETA)
Les ouvertures des vannes du barrage du Seujet sont mortelles pour nos poissons! Un vrai désastre! Les truites, brochets, tanches, féras finissent massivement échoués sur des galets asséchés le long du Rhône, dont le niveau peut varier de plus d’un mètre», dénonce Christophe Ebener, président de la Fédération des sociétés de pêche genevoises (FSPG), qui a lancé début mars une pétition. Intitulée Le Rhône, un joyau pour tous, elle demande au Conseil d’Etat d’imposer aux Services industriels de Genève (SIG) une gestion saisonnière des débits du Rhône et la suppression immédiate des éclusées (ndlr: les lâchers d’eau massifs).
Arrêter le massacre
«Ces éclusées génèrent de forts courants et provoquent des variations brutales du débit du Rhône, déplore Christophe Ebener. Elles sont également dangereuses pour la baignade. Les conséquences sont graves: les habitats favorables à la faune aquatique et à sa reproduction sont détruits.» Pour lui, il devient urgent d’arrêter le massacre. «Ces lâchers d’eau massifs ont lieu lors des pics quotidiens de consommation électrique afin d’augmenter le débit du Rhône et permettre de booster la production hydroélectrique en aval, au barrage de Verbois», rappelle encore Christophe Ebener.
Les SIG prêts à fermer les vannes
Qu’en pensent les SIG? «Nous sommes ouverts à la discussion, car nous comprenons parfaitement le sens de cette pétition, assure Gilles Garazi, directeur de la transition énergétique aux SIG. Si le Conseil d’Etat nous demande de répondre positivement aux pétitionnaires, nous le ferons. Mais il faut noter que Berne doit bientôt se prononcer sur la question des éclusées et libérer un financement.» Les SIG indiquent encore qu’une étude a été lancée fin 2017 sur cette question et qu’une collaboration s’est mise en place depuis plusieurs années avec les milieux de la pêche.
Millions en jeu
Pour sa part, le conseiller d’Etat Luc Barthassat, en charge du Département de l’environnement des transports, et de l’agriculture (DETA), annonce être favorable à la suppression des éclusées du Seujet. «Je soutiens la pétition à 200%, annonce-t-il avec enthousiasme. Ce massacre écologique et ses conséquences coûtent aussi cher à l’Etat. En effet, l’ouverture des vannes ravine les rives, élimine les endroits où de multiples espèces se reproduisent. Il est donc crucial de sauvegarder et préserver le Rhône et son environnement.»