CEVA: le gouffre à millions

  • Image: Eric Maria Architectes

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PLAISANTERIE • Quelque 200 millions de surcoûts pour le chantier du CEVA: c’est un rapport d’experts, révélé par Le Matin Dimanche, qui articule cette estimation, pour couvrir l’augmentation des risques dans le percement des tunnels et l’architecture des stations. Ces 200 millions, qui viennent s’ajouter au milliard et demi du projet. Le dépassement de crédits est énorme, il ne relève pas d’une simple surprise géologique, comme cela peut arriver dans le génie civil, mais d’une véritable sous-estimation des coûts par ceux qui, à tout prix, ont vendu le projet au peuple genevois, pour qu’il dise oui le 28 novembre 2009.

Car le vrai but du CEVA n’est pas de se rendre un jour de Cornavin à Annemasse en train, en passant par les Eaux-Vives, ce qui demeure d’ailleurs une ambition humaine d’une singulière loufoquerie. La vraie finalité, à l’automne 2009, en plein contexte d’élections cantonales, c’était de contrer, par un front politique uni autour d’un projet, la montée du MCG. Alors, il y eut l’aubaine du CEVA. Personne n’a oublié le grand cirque des commis-voyageurs du bois et du bâtiment, nous rutilant les méninges avec leur idéologie de la croissance, de la libre circulation, de l’ouverture des frontières. A l’époque, il marchait encore, leur petit numéro, aujourd’hui c’est fini, mais c’est trop tard.

Mais alors, il va s’agir, à fond, de faire toute la lumière, en remontant à 2009 et sans doute avant, sur les responsabilités politiques dans la sous-estimation des coûts. Si le petit monde parlementaire, qui se tient par la barbichette dans cette affaire, s’y refuse, il appartiendra d’intervenir par voie populaire. C’est le peuple de Genève qui paie cette délicieuse plaisanterie. C’est à lui, à la fin, qu’il faudra rendre des comptes.