Critiquer le pouvoir, ici et maintenant

PRESSE • La liberté de la presse: certains conseillers d’Etat genevois ont le culot, à la faveur du drame survenu en France, de brandir cette expression. Comment osent-ils, quand on sait comment ils s’évertuent à noyauter l’information qui sort de leur Département? Tous, de gauche comme de droite. A la vérité, dès qu’il y a un quelconque pouvoir, émerge naturellement la volonté de contrôler, niveler, museler, dissimuler. C’est dans l’immanente noirceur de l’âme humaine.

Tous y succombent, je dis tous, à commencer par ceux qui, avant d’embrasser la carrière, aspiraient à la recherche de la vérité. Et qu’on ne vienne pas nous dire, en cette matière, que les femmes sont meilleures que les hommes, la gauche moins manipulatrice que la droite: fadaises, foutaise, le pouvoir, d’où qu’il vienne, ronge et corrode, corrompt. Il nous dévore doucement, comme l’implacable vermine. Le pouvoir s’établit par la propagande, se maintient par la manipulation. Toujours, et partout.

Dans ces circonstances, bravo à l’Association genevoise des journalistes, dont j’ai l’honneur d’être membre depuis trente ans, d’organiser vendredi 23 janvier, 12h15, Maison des Associations (rue des Savoises) un débat sur «le verrouillage de l’information par la horde de communicants de l’Etat» à Genève. Il faut que les langues se délient. Il faut que le pouvoir politique sache que la presse n’est pas juste là pour lui tendre le miroir. C’est certainement moins cosmique que les récents événements français. Mais ça concerne le pouvoir chez nous, bien présent, palpable. C’est là que commence le vrai travail journalistique: celui qui nous concerne, ici et maintenant.