«Râler tout seul, dans son coin, en omettant d’aller voter, ne sert pas à grand-chose»
Pascal Décaillet
Une votation explosive sur les thèmes conjugués de l’immigration et de l’environnement. Une autre, sur les forfaits fiscaux. Une troisième, sur l’or de la Banque nationale. Pour avoir mené à Genève à chaud (Léman Bleu), les trois débats sur ces scrutins fédéraux, je puis vous assurer qu’ils méritent qu’on s’y penche. Qu’on écoute les arguments des uns et des autres. Qu’on se fasse un avis. Et surtout, qu’on vote! Le peuple, en démocratie, ne pèse sur son destin que lorsqu’il s’engage de façon citoyenne. Parce que râler tout seul, dans son coin, en omettant d’aller voter, ne sert pas à grand-chose.
Ecopop
Pour Ecopop, j’ai opposé Philippe Roch, ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement, partisan du texte, à Sébastien Desfayes, président du PDC genevois, partisan d’une économie libérale qui se fonde sur la croissance. En Suisse romande, Roch est très seul à défendre l’initiative, qui a contre elle la quasi-totalité de la classe politique. Sur ce qu’elle demande, soyons très précis. Elle veut limiter à 0,2% par an l’accroissement de la population résidant de manière permanente en Suisse, et qui est attribuable au solde migratoire. Ecopop, né d’un comité peu connu, a franchi jusqu’ici toutes les étapes pour passer le 30 novembre devant le peuple et les cantons: elle a réuni les signatures, franchi le cap du Parlement, fléchi comme un roseau face aux tempêtes déchaînées contre elle: patronat, syndicat, establishment, médias, etc.
Cocktail
Ecopop doit être prise au sérieux. Le cocktail entre les deux thèmes qu’elle charrie, immigration et environnement, pourrait être explosif, et réserver des surprises dans trois semaines. Assurément, le résultat de l’initiative sera supérieur à son actuelle représentativité dans les corps constitués. A partir de là, combien? Nul d’entre nous, et surtout pas les sondages Gfs/SSR, n’est en mesure de le prévoir.
Forfaits fiscaux
L’autre inconnue, c’est l’initiative sur les forfaits fiscaux. Là, j’ai fait débattre Magali Orsini, d’Ensemble à Gauche, face à Alia Chaker Mangeat, du PDC. Déjà sur l’appellation, on se déchire: les opposants préfèrent parler, plus pudiquement, «d’imposition d’après la dépense». Là, nous sommes dans une frontalité gauche-droite assez classique, et un sujet plus facile à saisir que le précédent: tout le monde a en tête ces riches étrangers, (officiellement) sans activité lucrative en Suisse, imposés «au forfait» en fonction de leur train de vie, et non, comme l’immense majorité des gens, sur leur revenu ou leur fortune. La gauche veut que cela cesse, la droite économique (relayée par les grands journaux, le patronat) estime que la suppression de ces forfaits ferait fuir à l’étranger leurs bénéficiaires. On tuerait la poule aux œufs d’or.
L’or de BNS
Enfin, l’initiative «Sauvez l’or de la Suisse», qui m’a amené à opposer Yves Nidegger (UDC) et Benoît Genecand (PLR). Le texte demande que la BNS porte à 20% au moins la part des actifs qu’elle détient en or. Elle exige aussi que l’or soit déclaré inaliénable et soit entièrement stocké en Suisse. Un débat qui remonte, si on veut bien en saisir les enjeux, à la fameuse décision de Nixon, en 1971, détachant l’or du dollar. Et qui fait miroiter en nous, Suisses, des images de Picsou et de Réduit national.
Sur tous les sujets, renseignez-vous bien. Et n’oubliez pas d’aller voter. Forfaits fiscaux: lire également en page 5