Revoici la littérature allemande !

THÉÂTRE • En programmant coup sur coup Heiner Müller (Vie de Grundling, mise en scène Jean Jourdheuil, jouée au Théâtre du Loup) et Hölderlin (Hypérion, mise en scène Marie-José Malis, du 2 au 6 décembre), la Comédie de Genève nous offre deux textes absolument superbes de la littérature allemande. Le premier, de 1976. Le second, de 1797, l’âge d’or de l’Allemagne artistique, en permanente révolution poétique, et d’ailleurs musicale.

Il faut saluer cette double programmation. J’ai vu avec bonheur la pièce de Jourdheuil et redoute un peu, malgré ma passion pour le poète (directement transmise, il y a longtemps, par le saisissant germaniste Bernhard Böschenstein), Hypérion, programmé sur une durée de 3h45! Il faudrait un jour, je pense, et n’écris pas seulement cela en fonction d’une fatigue passagère, que les gens de théâtre, tout en maintenant leur exigence artistique, pensent au public. Il y a certaines durées de spectacle qui sont vraiment très difficiles.

Mais l’essentiel n’est pas là. Heiner Müller, c’était (et c’est encore, jusqu’au 30 novembre) une rare réussite visuelle, une succession de tableaux capables à la fois de ravir les sens, et laisser courir la rêverie. Hypérion, ce sera dès le mardi 2 décembre la tentative de mettre sur une scène l’un des textes majeurs de la littérature allemande. Par une femme qui s’est déjà frottée à Pasolini, Kleist ou Pirandello. Dans tous les cas, félicitations à la Comédie d’oser l’exigence. Oser le génie.