Le temps des vaches maigres!

FINANCES • Le surlendemain de la rentrée scolaire, le Conseil d’Etat inaugurait l’automne des mauvaises nouvelles: en nous annonçant le 26 août un trou de 200 millions, que nous prépare-t-il pour le 8 septembre, date de présentation du projet de budget 2016?

  • Serge Dal Busco, ministre des Finances, François Longchamp, président du Conseil d’Etat et Anja Wyden Guelpa, chancelière,  lors de la présentation des comptes 2015. BD

    Serge Dal Busco, ministre des Finances, François Longchamp, président du Conseil d’Etat et Anja Wyden Guelpa, chancelière, lors de la présentation des comptes 2015. BD

«Le personnel de l’Etat doit-il craindre pour ses postes?»

Pascal Décaillet

Ce qui est extraordinaire avec Serge Dal Busco, c’est que son visage parle pour lui. Lorsque vous voyez arriver le ministre genevois des Finances, vous pouvez aussitôt dire s’il vous annoncera de bonnes ou de mauvaises nouvelles. L’homme n’essaye pas de feindre, il parle vrai, et ma foi c’est plutôt une qualité. Toujours est-il que, ce mercredi 26 août, il n’arborait pas le visage des grands jours! Et pour cause: il venait nous annoncer un trou de 200 millions dans les estimations, en milieu d’année, des comptes 2015. Alors que le projet de budget nous annonçait un excédent de 14 millions. Cette mauvaise nouvelle, juste le surlendemain de la rentrée scolaire, et surtout à moins de deux semaines du 8 septembre, où sera présenté le projet de budget 2016. A-t-on voulu préparer les esprits? Une chose est sûre: nous entrons vraiment, cette fois, dans cette période difficile que David Hiler, prédécesseur de M. Dal Busco, nous annonçait comme probable depuis des années.

Chiffres rouges

Les affaires de budgets d’Etat ne sont pas à lire avec une calculatrice, laissons cela aux comptables, mais comme la volonté d’afficher des priorités politiques. La tentative, aussi, toujours périlleuse, de convaincre une majorité parlementaire. Assurément, on y arrive mieux lorsque les chiffres sont noirs! Là, de quoi s’agit-il? Le Conseil d’Etat, le 26 août, nous a parlé de 240 millions de recettes en moins, 35 pour les personnes morales (entreprises) et 205 pour les personnes physiques. Il constate une baisse du PIB (Produit intérieur brut), et relève une augmentation des dépenses (+ 11 millions pour les contributions à l’assurance maladie, + 10 pour l’aide aux migrants, + 7,5 pour les handicapés). Ces chiffres, M. Dal Busco les répétait un peu par cœur, face aux micros, avec un visage grave et un air désolé. Surtout (c’est sa faiblesse, à combler dans les mois qui viennent): il ne parvient pas encore à parler, même dans les moments difficiles, avec cette autorité qui, toujours, quel que fût le message, habitait le discours de M. Hiler. L’oralité est un art qui s’apprend.

Des choix drastiques

Mais l’affaire ne se réduit pas, bien sûr, à une seule question de communication. Les manques à gagner, pour l’Etat, sont bien réels, les caisses se vident, la dette augmente, il va falloir opérer des choix drastiques. Cela, ce sera l’étape suivante, celle du mardi 8 septembre, la présentation du budget 2016. Le personnel de l’Etat doit-il craindre pour ses postes? Déjà, ce 26 août, on annonçait geler la création de tout nouvel emploi d’ici la fin de l’année, en ne remplaçant les départs qu’au moyen de transferts internes. La semaine prochaine, un nouvel étage de la fusée nous sera-t-il présenté, avec des diminutions de postes? M. Dal Busco sera, le 8 septembre au soir, sur le plateau de Genève à chaud, sur Léman Bleu, pour nous en dire plus.

L’homme de la situation

Triste mine, oui, parfois. Et pourtant, sans aucun doute, l’homme de la situation. Serge Dal Busco parle vrai. Il dit les choses, telles qu’elles sont. Il agit dans l’intérêt supérieur de l’Etat. Il ne se laisse impressionner par personne. Il trace un sillon, difficile, et s’efforce de s’y tenir. Il sera le ministre des Finances des temps difficiles. Et justement, parce qu’il est simple, sincère et travailleur, le peuple de Genève pourrait bien lui faire confiance. S’il pouvait juste, de temps à autre, esquisser l’aube timide d’un sourire, ça ne serait pas plus mal. Allez, rêvons.