Les yeux pour pleurer

NOUVELLE COMÉDIE • Ils nous la promettaient depuis des années, mais rien n’était définitivement clair. Aujourd’hui, la lumière commence à poindre, et les nouvelles, pour les partisans, ne sont pas bonnes: la nouvelle Comédie a du plomb dans l’aile. La Ville de Genève a beau avoir voté un budget, il n’est pas sûr que le Canton fasse de même: économies, vaches maigres, législature d’austérité, typiquement le genre de période où la culture passe au 2e plan.

Nous en avons débattu à «Genève à chaud», sur Léman Bleu: les propos de la droite parlementaire, clairement majoritaire depuis l’automne 2013, ne s’embarrassaient même plus d’ambiguïté, la nouvelle Comédie pourrait bien être remise aux Calendes grecques. Personne, à des rares exceptions près (dans les rangs libéraux), n’ose le dire franchement, mais c’est bien le chemin, pour qui sait décrypter, sur lequel on s’engage.

Le rêve est pourtant beau, d’un haut lieu de théâtre et de culture, moderne, ouvert, un espace du 21e siècle, sur l’emplacement d’une halte du CEVA, du côté de l’actuelle gare des Eaux-Vives. CEVA il y aura bien, un jour ou l’autre, mais voilà, le théâtre paraît soudain beaucoup moins urgent.

Où sont-ils, les téméraires commis-voyageurs du bois et du bâtiment, qui avaient mis tant de fougue, en 2009, à nous convaincre de dire oui au projet de RER franco-suisse? Bien silencieux, soudain. N’ont-ils roulé, à l’époque, que pour l’aubaine de beaux contrats? Une fois ces derniers obtenus, la culture attendra. Et ceux qui leur ont fait confiance, les yeux fermés, pourraient bien en être pour leurs frais. C’est triste. Mais c’est cela, la réalité des puissants, la vérité des rapports de pouvoir.