Vive la Commune!

ELECTIONS MUNICIPALES • Citoyens, ce printemps sera le vôtre! En élisant vos autorités communales, vous commettrez l’acte le plus important de notre proximité politique. Votez pour qui vous voulez. Mais votez: l’enjeu en vaut la chandelle.

  • Au printemps prochain, on élira les autorités municipales des 45 communes.

    Au printemps prochain, on élira les autorités municipales des 45 communes.

«C’est une chance extraordinaire que la proximité communale»

Pascal Décaillet

Les 19 avril et 10 mai prochains, le corps électoral des 45 communes de notre canton devra élire, pour cinq ans désormais (nouvelle Constitution), ses autorités municipales. A Genève, on appelle cela «Conseil administratif» pour l’exécutif et «Conseil municipal» pour le législatif, ou plus exactement le délibératif. Ne sous-estimons pas ces scrutins: la commune, c’est le premier degré de proximité entre le citoyen et ceux qui le représentent. On y prend des décisions très concrètes, qui touchent nos vies quotidiennes, notre environnement, nos modes de transports, nos crèches, notre gestion des déchets, notre rapport à l’habitat. Et bien sûr nos finances, puisque nous payons aussi des impôts communaux.

Premier magistrat

Le maire a-t-il, à Genève, la même importance de «premier personnage» qu’en France? Tout au moins, dans le système français immortalisé par la Troisième République, chaque village avec sa «mairie-école», face au monument aux morts, et à deux pas de l’église. Réponse: un peu moins, puisque chez nous la plupart des maires «tournent» au cours de la législature. Mais tout de même!

En Ville de Genève, combien de chefs d’Etat étrangers, ou d’éminentes pointures, connaissaient davantage «Monsieur Tornare» que n’importe quel conseiller d’Etat! Tout simplement, parce que l’échelon commune, le monde entier connaît. L’échelon canton, pour l’étranger, est moins lisible. Et puis, Tornare: un premier magistrat mythique. Il ne dirigeait pas la Ville: il était Genève. Et dans tout le mystère de cette équation, ou de cette incarnation, il y avait celui, affectif, de la Commune. Toute la chaleur de proximité de cet échelon.

Identité

Et puis, la Commune, c’est l’Histoire. A Genève, on sait le rôle qu’y a joué la question confessionnelle: communes catholiques, hors des murs de la Ville, le poids de la Sardaigne sur Carouge, celui de l’immigration latine sur Meyrin, Lancy, Onex, dans les années soixante. Tout cela, de façon immédiate et visible, façonne un paysage, dessine une identité, amène les gens à se connaître. Capitales, aussi, les activités culturelles: concerts de Lancy, spectacles Onésiens, Théâtre de Carouge, Forum Meyrin, Salle des fêtes du Lignon, pour n’en citer que quelques-uns. Il est loin, le temps où la Genève suburbaine ne proposait que de gentilles fêtes de paroisses: le niveau culturel des cités de la ceinture s’est considérablement élevé. On rêverait qu’il atteigne un jour celui d’Aubervilliers ou de Nanterre: la culture à portée de tous, à commencer par les moins favorisés!

Proximité

A cause de tout cela, s’il vous plaît, allez voter en avril et mai prochains. Votez pour qui vous voulez, mais inscrivez des noms sur des listes. Et puis, ces gens, les candidats ou les élus, allez les interpeller. Parlez-leur. Au besoin, engueulez-les. Faites-leur part de vos soucis, de vos envies. Car c’est une chance extraordinaire que la proximité communale: elle permet de demeurer en contact, en tout temps, avec les autorités. On n’en dira pas autant d’autres députations, échelon cantonal ou surtout fédéral, où vous n’entendez plus parler des gens pendant la législature. Alors, vive la Commune! Elle est la première marche vers la République. Ça vaut bien le temps de remplir un petit bulletin de vote, non?