«Ma carrière m'a emmené tout autour du monde»

  • Michel Perret

    Michel Perret

- Michel Perret, vous avez annoncé votre départ en pré-retraite lors de la dernière édition de la Fête des Rois de l'InterContinental. Que retiendrez-vous de ces sept ans à la tête du palace du Petit-Saconnex ?
- Le sentiment d'un passage exceptionnel dans un établissement qui ne l'est pas moins. Ma carrière m'a emmené tout autour du monde, mais l'InterContinental aura été un couronnement. C'est l'hôtel symbole des organisations internationales et du monde diplomatique. C'est aussi un havre de paix à deux pas des Nations Unies et à quelques encablures du centre-ville. Cette situation est inédite et les Genevois le sentent bien, eux qui ont souvent privilégié nos brunchs du dimanche ou notre piscine, qui est devenue une institution.Je pars également au moment où la rénovation de l'hôtel, construit en 1964, arrive à terme. La suite du 18e étage sera rouverte d'ici mars ou avril. Avec sa vue sur la Rade et la ville de Genève, elle produira un «waouh effect» sans précédent.

- Pour les Genevois, l'InterContinental c'est aussi l'hôtel des soirées caritatives et de la Fête des Rois.
- Je ne suis pas à l'origine de cette tradition, mais quand je suis arrivé elle avait été supprimée depuis deux ou trois ans. Pour moi, il s'agissait -d'abord de remercier les clients et les membres des organisations internationales qui, toute l'année, remplissent les salles de séminaires et de commissions. Petit à petit, cette rencontre est devenue le premier rendez-vous relationnel genevois de l'année, réunissant responsables politiques, économiques et culturels (lire en page 20). Cette aura d'exclusivité fait d'ailleurs naître jalousies et complots pour en être, alors que 1400 à 1600 invitations partent chaque année.Il s'agit aussi de montrer ce que nous savons faire de mieux. Tous les ans, je briefe mon personnel afin que la décoration et la nourriture soient totalement originales.

- Chaque hôtel d'exception possède ses petites histoires. Quelle est l'anecdote qui vous paraît la plus parlante ?
- En 2009 nous avons accueilli la rencontre entre Hilary Clinton, alors toute nouvelle Secrétaire d'Etat de Barack Obama, et Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères. Les deux délégations cherchaient un symbole du renouveau de leurs relations. Mon assistant trouva un de ces boîtiers d'alarme incendie agrémentés d'un bouton rouge. Les deux ministres exhibèrent alors devant la presse internationale médusée ce bouton sur lequel ils appuyèrent pour signaler la remise à zéro de leurs différents contentieux.

- Rien de plus personnel ?
- J'ai aussi une photo d'Angelina Jolie et moi, mais je ne peux pas vous la montrer…

- Quel est votre regard sur les changements dans l'hôtellerie genevoise ?
- Les propriétaires ont joué le jeu. Les centaines de millions investis ont notablement augmenté la qualité du parc hôtelier, des palaces comme des établissements de qualité, à l'image de ceux ouverts par Manotel. Par ailleurs, l'arrivée des groupes hôteliers internationaux a permis de diversifier l'offre et de développer des marchés spécifiques.D'un autre côté, l'insécurité a fait, et continue de faire, beaucoup de mal à notre secteur. Récemment, j'ai beaucoup voyagé pour promouvoir l'hôtel et des clients ont clairement tiré un trait sur Genève en raison d'une sécurité défaillante. Il est essentiel que les déclarations volontaristes des autorités cantonale et municipale soient rapidement suivies d'effet.Genève est belle et Genève est dynamique. Reste à chacun de ne pas oublier qu'il n'existe pas de rente de situation. Les défis que sont le développement des relations internationales, la maîtrise du coût de la vie, la mobilité doivent nous tenir éveillés et imaginatifs.