«Une vie qui dépasse l'entendement»

  • Claudio Alessi

    Claudio Alessi

- A la lecture de Au-delà de soi-même, le lecteur reste impressionné par votre parcours de vie. Qui a commencé le 12 décembre 1964…

- Oui, le tout premier défi de ma vie m'a été imposé ce jour-là, lorsque je suis né après seulement cinq mois et trois semaines. Comme pour tous les grands prématurés, ce combat a été le plus important de mon existence puisque son enjeu était ma survie.

- Aviez-vous des séquelles à cause de cette naissance prématurée ?

- J'avais des problèmes d'asthme et de développement articulaire. Et il m'a fallu une bonne dizaine d'années pour en venir à bout. Mon père, immigré italien, m'a aidé à surmonter mes lacunes respiratoires. Il me faisait marcher pieds nus dans la rosée des parcs de Vernier à 5 heures du matin…

- Comment est née la passion des arts martiaux ?

- J'avais 5 ans lorsque j'ai reçu ma première paire de gants de boxe. Puis, je me suis mis au karaté, mon père en avait fait en Italie.

- Vous avez ensuite aligné des titres tout en étant l'entraîneur de la Swiss Kyokuschin Karaté Organisation et de No Difference, le programme de la Fondation Little Dreams soutenant les personnes en situation d'handicap. Cela vous a-t-il ouvert des portes ?

- Oui, pour No Difference, j'ai enseigné l'art du libre combat. J'ai également eu la chance d'approcher les hockeyeurs du Genève-Servette HC. Leur coach-manager, Chris Mc Sorley avait assisté à mon travail avec les personnes handicapées. C'est ainsi qu'il m'a proposé de faire un test réactif et mental sur ses joueurs. Les hockeyeurs ont d'abord été surpris par des positions en équilibre. Mais finalement, Goran Berzina, le capitaine de l'équipe a été séduit et est revenu avec les joueurs suivre un cours! J'ai également appris la boxe anglaise à Orianne Collins.- Votre parcours vous a permis de rencontrer bon nombre de personnalités dans divers domaines.- J'ai surtout eu la chance extraordinaire de faire des rencontres improbables. J'ai notamment été le garde rapproché du Dalaï-Lama. Ma mission était d'assurer la sécurité de Sa Sainteté lors d'une visite à Genève en 1999. J'ai vécu une expérience spirituelle fabuleuse, allant bien au-delà de ma mission.

- Votre spiritualité, justement, fait partie de votre parcours de vie. Ne vous a-t-elle pas amené à participer à une expérience unique au Japon ?

- Exactement. Il s'agissait d'une expérience médico-sportive, une épreuve physique et mentale qui repousse les limites humaines jusqu'au-delà de l'insupportable. Il s'agit de l'X-Trem Winter Camp Kyokushin, une épreuve inédite sur les flans du mont Mitsumine au Japon. Il faut faire des exercices de résistance et réaliser des performances exceptionnelles, entrecoupées d'incessants combats. Je l'ai fait sous contrôle de deux éminents médecins, après une opération de la colonne vertébrale.

- Cette épreuve vous a-t-elle conduit à une expérience particulière ?

- Il est indéniable pour moi qu'elle m'a appris à repousser les limites de l'émotion. Elle m'a aussi permis, dans des circonstances qui peuvent paraître irréelles, d'entrer en contact avec mon frère Giorgio, décédé dix ans auparavant…- Les Genevois pourront vous voir à Palexpo jusqu'au 18 novembre dans le cadre du Salon de l'art et du mouvement. Vous êtes le fondateur de cette manifestation phare. De quoi s'agit-il?- Nous combinons les arts martiaux, les sports de combat et la danse. Le public pourra assister à des démonstrations et des shows mais aussi en savoir plus sur ces mondes liant l'art et le mouvement.

«Mon père me faisait marcher pieds nus dans la rosée dans les parcs de Vernier à 5 heures du matin…»

«Au-delà de soi-même», Claudio Alessi et Jacques Deschenaux. Editions Favre.