«Au secours, les emplois artisanaux foutent le camp!»

POLITIQUE • Les surfaces industrielles et artisanales sont rognées par les nombreux travaux en Ville de Genève. Un élu UDC réclame un état des lieux sérieux.

  • L’ancienne usine Hispano-Suiza de la rue de Lyon avait été vendue en 2012 pour 61 millions de francs. Des artisans ont reçu leur congé… PASCAL BITZ

    L’ancienne usine Hispano-Suiza de la rue de Lyon avait été vendue en 2012 pour 61 millions de francs. Des artisans ont reçu leur congé… PASCAL BITZ

«Au secours, nos quatre zones industrielles et artisanales (ZIA) en Ville de Genève disparaissent comme peau de chagrin!» Le conseiller municipal UDC Eric Bertinat s’inquiète sérieusement. «Les nouvelles constructions en Ville de Genève ont fait perdre de nombreux emplois dans le secondaire. Entre 1995 et 2001, près de 4000 emplois sont passés à la trappe au profit du tertiaire, notamment dans le domaine de la finance, assurance, négoce international et commerce de luxe», rappelle l’élu.

Motion

Dans le courant du mois, il entend ainsi déposer une motion au conseil municipal demandant un état des lieux sérieux des zones industrielles et artisanales de la Ville de Genève. «Le plan directeur communal Genève 2020 fixe comme objectif de conserver les 360’000 m2 existants de surfaces industrielles et artisanales en Ville de Genève, poursuit-il. Or ce n’est pas le cas… »

Des exemples? La zone industrielle de Sécheron a été transformée en partie en parking, au sud de la parcelle. Aux Charmilles, le site de l’ancienne usine Hispano-Suiza fait l’objet d’un projet de densification. Enfin, aux Eaux-Vives, le secteur Rosemont a été déclassé en zone de développement mixte, vouée aux logements et aux emplois. «Et que dire de celui Praille-Acacias-Vernets (PAV), qui verra certainement sa surface dévolue à l’artisanat diminuer?» questionne encore Eric Bertinat avant de rappeler: «En 50 ans, l’économie genevoise s’est fortement spécialisée dans les activités tertiaires. En 2013, cela représentait 358’700 emplois, dont 310’000 tertiaires.»

La Ville préoccupée

De son côté, Rémy Pagani, Conseiller administratif en charge du Département des constructions et de l’aménagement en Ville de Genève, se dit également préoccupé par la situation: «Dans les divers exemples cités, malheureusement la Ville de Genève tente de freiner le processus avec un certain succès. En effet, depuis l’adoption du plan directeur communal, c’est seulement 8000 m2 de surface industrielle qui ont disparu.» Après avoir déjà répondu à une interpellation sur le sujet il y a un mois dans laquelle il confirmait sa volonté de préserver les dernières zones industrielles de la commune, Rémy Pagani se dit prêt à fournir un état des lieux sur l’avenir de ces sites. Il nuance toutefois: «Il faut aussi prendre en considération que certains projets vont créer des emplois. Par exemple, celui du PAV va mettre sur le marché quelque 10’000 emplois de plus.»