«Un détenu a fabriqué un coup-de-poing américain avec du pain rassis!»
Un proche d’un gardien
«Il s’est ramassé une beigne en pleine figure avec un coup-de-poing américain fabriqué avec… du pain!» Un proche d’un gardien de Champ-Dollon n’en revient pas. Son ami a l’arcade sourcilière défoncée: «C’est ce qui s’appelle se prendre un pain dans la gueule!» ironise-t-il. «Imaginez que des prisonniers ont eu l’idée de fabriquer une arme avec de pain rassis et de la colle! Cela fait aussi mal qu’un vrai coup de poing en métal!»
Imaginatifs
Les trouvailles réalisées par la direction lors des fouilles et perquisitions dans les cellules à la prison préventive de Puplinge, sont surprenantes de par leur imagination. «Fabriquer des cordes avec des draps, nous connaissions, explique Constantin Franziskakis, directeur de Champ-Dollon. Mais aujourd’hui nous découvrons des armes inédites. Nous avions déjà été confrontés par des inventions ingénieuses réalisées dans l’enceinte de la prison pour contourner le règlement.» Le directeur fait allusion aux autres objets rentrés illégalement (lire ci-contre). Comme des natels et divers objets usuels permettant de confectionner des armes de fortune.
Evasion
Face à la liste des objets insolites fabriqués en prison, Mac Gyver n’a qu’à bien se tenir! Champ-Dollon a découvert des pipes pour fumer des stupéfiants, des chauffe-eau réalisés avec des couteaux, des cuillères et un câble électrique. Il y a aussi des scies avec des fils de fer, des lames extraites des taille-crayons, des brosses à dents transformés en objets contendants, des crochets de douches convertis en bout de corde…
Parmi les objets hétéroclites saisis, comment ne pas remarquer la fabrication d’une électrolyse avec un chauffe-eau.
Fumette, alcool, etc.
Dans la foulée, le directeur de Champ-Dollon parle aussi d’un appareil pour distiller de la bière sans alcool. Ou encore une planque dans la boiserie de la cellule pour dissimuler un téléphone portable…
L’imagination des détenus n’est pas seulement débordante à Genève. Les prisons françaises sont aussi confrontées à des fabrications hallucinantes. On notera chez nos voisins un fouet réalisé avec des draps surpiqués par des lames de rasoirs… Pour l’anecdote, à Alcatraz, des prisonniers avaient même tenté de s’évader à bord d’un radeau fabriqué avec de la colle!
Les raisons des rixes
Les dernières violentes bagarres de février dans l’enceinte de Champ-Dollon opposaient des dizaines de détenus Albanais à des Maghrébins lors des promenades. Une vingtaine d’entre eux, ainsi que cinq gardiens avaient été blessés.
Ces rixes sont-elles liées à des conflits ethniques ou de drogue? «Pas seulement, témoigne un gardien souhaitant garder l’anonymat. Ils se disputent aussi pour une télécommande, un jeu de ballon, un mot de travers.»
Pour exemple, en mai 2013, un Albanais avait violemment lacéré avec une lame de rasoir un compatriote sous les douches. Pour quelles raisons? «Le détenu avait fait les frais d’un match de foot qui a mal tourné!» tonne notre témoin. «La promiscuité n’aide pas toujours, poursuit-il. Souvent des prévenus redeviennent de grands enfants et se disputent pour des futilités. Comme dans une cour de récréation.»
Et d’ajouter: «J’ai pour ma part vu des prisonniers fabriquer des lames de rasoir avec des filtres de cigarette!»
Mesures d’urgence
«Depuis les bagarres de février nous séparons les ethnies, rappelle Constantin Franziskakis: «Il n’y a plus de repas en commun en salle ni de séance de sport.» Il précise aussi que les mesures de sécurité, telles que les fouilles des cellules et des détenus sont tenues confidentielles pour des questions évidentes de séucrité. Les saisies d’armes réalisée ces dernières années en sont la démonstration (nos photos).
Rappelons que Champ-Dollon est en surpopulation carcérale chronique avec près de 850 détenus pour 376 places.