Branle-bas de combat pour l’aménagement des quartiers

A la demande du conseiller d’Etat chargé du Territoire, Antonio Hodgers, 120 plans localisés de quartier ont été passés au crible avec un double objectif: moins de voitures et plus de verdure. Interview.

  • Antonio Hodgers en appelle à la bonne volonté des promoteurs pour accepter de modifier leurs projets dans le cadre des plans localisés de quartier.

    Antonio Hodgers en appelle à la bonne volonté des promoteurs pour accepter de modifier leurs projets dans le cadre des plans localisés de quartier. STÉPHANE CHOLLET

Supprimer des places de parking, planter un maximum d’arbres ou encore valoriser un plan d’eau. Tels sont les objectifs qui caractérisent les nouveaux projets immobiliers. Le hic, c’est que les quartiers et immeubles qui sortent aujourd’hui de terre répondent à des exigences dictées il y a des années, voire des décennies. Comment gommer ce «décalage»? Grâce à une révision des plans localisés de quartier ou PLQ. Les explications du conseiller d’Etat chargé du Territoire, Antonio Hodgers.

GHI: Pourquoi revoir les PLQ?
Antonio Hodgers:
Le constat est le suivant: tous les projets urbains actuels ont été conceptualisés il y a quinze ans. Et souvent, les citoyens réagissent au moment où les autorisations de construire sont délivrées. Mais, à ce moment-là du processus, ni l’Etat ni moi en tant que conseiller d’Etat n’avons le pouvoir d’arrêter ces projets.

– En même temps, si on écoutait certains, aucun projet immobilier ne verrait le jour...
– Hormis une poignée de partisans de la décroissance, la plupart des citoyens sont d’accord pour construire. Ils comprennent qu’on ne peut plus exporter notre crise du logement en France voisine et dans le canton de Vaud. Mais ils demandent plus de nature, plus d’arbres… Et souvent, on est assez d’accord avec eux. Seulement voilà: on arrive trop tard. Le projet est conforme au PLQ et il est passé en force. D’où la nécessité d’agir en amont, sur le PLQ lui-même.

– Comment?
– Mon département a lancé une révision des 120 PLQ non achevés. Chacun a été réétudié pour savoir comment l’améliorer en donnant plus de place à la nature et en diminuant le béton et l’emprise de la voiture. L’un des exemples en la matière est celui de Rosemont (près de la gare des Eaux-Vives) adopté récemment.

– Quel est le premier bilan de cette révision?
– Sur les 100 PLQ pour lesquels il reste une partie à bâtir, 22% sont OK. 17% devraient être entièrement repensés. Et 61% peuvent évoluer.

– Certains de ces PLQ remontent à 1985. N’est-ce pas trop tard pour changer la donne?
– Pas forcément car toute la zone concernée n’a pas encore été bâtie. En tout, sur 580’000 m2 restant à bâtir, 70% doivent évoluer ou être entièrement révisés. La marge de manœuvre est particulièrement importante pour les PLQ adoptés entre 1990 et 1994. Sur les 16 PLQ datant de cette époque, 27’000 m2 sont non bâtis et doivent être revus. Pour les PLQ de 2010 à 2014, 142’250 m2 pourraient bénéficier d’améliorations.

– Et pour les plus récents?
– Les PLQ adoptés entre 2015 et 2019 sont plus verts. Mais même pour ces 23 là, on peut faire mieux sur 134’000 m2, soit sur une surface équivalente à 1340 logements.

– Quelles sont les améliorations possibles?
– Il suffit parfois d’augmenter le retrait d’un bâtiment de 2 centimètres par rapport à la limite de propriété pour sauver ici un arbre ou agrandir là un plan d’eau. Ou encore d’opter pour une toiture végétalisée. Grâce à ce premier bilan, on sait où et comment on peut agir. Il faut maintenant passer à la phase de négociation avec les promoteurs.

– Reste que ces derniers sont en droit de ne pas modifier leurs projets...
– En effet. Mais, certains sont tout à fait ouverts. Les acteurs à but non lucratif tels que les fondations et les coopératives surtout. Mais, pas seulement. Je dois aussi saluer l’ouverture de certains promoteurs privés.

– Quel est votre message aux promoteurs?
– J’en appelle à leur bonne volonté: aidez-nous à faire une ville plus accueillante, avec plus de place à la nature. Pour tous ceux qui joueront le jeu, je m’engage à ce que les autorisations de construire soient délivrées plus vite. Pour les autres, il faut qu’ils sachent qu’ils s’engagent dans un bras de fer dont personne ne sortirait gagnant.