Ces enseignants qui mettent la main à la poche

ECOLE Pour compléter le matériel et petit mobilier mis à disposition par le Département de l’instruction publique, certains professeurs n’hésitent pas à casser leur tirelire.

Les petits ruisseaux ne font pas toujours les grandes rivières. Ainsi,
les enseignants en font-ils les frais au propre comme au figuré qui sont contraints de délier les cordons de
leur bourse pour améliorer l’organisation et le bien-être des élèves ainsi que pour acquérir des fiches d’appui scolaires. Les différents budgets alloués par le Département de l’instruction publique (DIP) sont parfois insuffisants.

C’est la deuxième rentrée des classes de Line. L’enseignante qui exerce à l’école primaire prend sa mission très à cœur. L’an dernier déjà, elle avait acheté des petits meubles pour compléter l’aménagement de sa salle de classe. Ici, des rayonnages pour créer un espace bibliothèque, là des petits fauteuils confortables pour que les enfants puissent lire ou se détendre dans un endroit qu’elle voulait agréable.

Fiches d’exercices

Et puis pour garnir les étagères, elle a fait le tour des librairies. Si l’école met des livres à disposition, ils sont parfois un peu datés. Mais ce n’est pas tout. Pour répondre aux besoins spécifiques de ses élèves avancés ou nécessitant au contraire un appui supplémentaire, la jeune femme acquiert avec ses propres deniers des ouvrages consignant des exercices. «C’est ainsi que les écoliers qui ont assimilé la leçon et réussi les tests de compréhension peuvent optimiser leurs connaissances. Une manière de juguler l’ennui. Quant aux enfants qui exigent un coup de pouce complémentaire, c’est là le moyen de les acheminer sur d’autres pistes.»  Plusieurs de ses collègues, nouvellement nommés, ont eux aussi déboursé quelques centaines de francs pour, disent-ils, améliorer l’ordinaire.

Divers budgets

Certes, le Canton finance stylos, classeurs, crayons, ciseaux, peinture et bien sûr livres et supports pédagogiques à hauteur de 35 francs par enfant (division élémentaire) et 27 francs (sections moyenne et spécialisée). Ces allocations n’incluent pas les manuels scolaires et autres supports pédagogiques fournis par le DIP. Et pour le surplus? Comme le relève la secrétaire adjointe en charge de la communication au Département de l’instruction publique, Lauranne Peman-Bartoloni: «Les enseignants disposent d’un crédit, de montants différents en fonction de leur rôle et plus élevés s’ils entrent en fonction. Ces montants réévalués et augmentés à la rentrée scolaire 2022, permettent d’acquérir les fournitures scolaires auprès d’un magasin dépendant du DIP. Ainsi les nouveaux titulaires ont droit à un crédit de 500 francs par année au prorata du taux d’activité. Les titulaires du cycle élémentaire qui sont déjà en fonction ont droit à crédit de 300 francs et les titulaires du cycle moyen perçoivent 250 francs (toujours par année et au prorata du taux d’activité). Ces budgets valent pour l’ensemble de la classe. Ils ne sont affectés qu’aux achats utiles en cours de scolarité. 75 francs (par classe) sont encore versés pour l’achat de papier d’impression et enfin 300 francs sont attribués à chaque direction d’établissement.

Alors? «Le budget alloué est suffisant pour les fournitures acquises à l’économat du DIP. Mais pour se doter, en plus des fiches d’exercices et petits ameublements, d’accessoires pour faciliter l’organisation de la classe comme des bacs de rangement, des sabliers, minuteries et matériel de bricolage adapté à des thèmes précis, alors il nous faut prendre sur nos propres fonds. Car la somme octroyée est vite épuisée», confie l’enseignante.