Droite genevoise: bienvenue au casse-pipe!

ÉLECTIONS • Petites attaques mesquines entre partis de droite, lutte à couteaux tirés pour le quorum aux élections d’avril 2023, ordre dispersé, foisonnement de petits partis: tous les ingrédients pour une défaite de la droite sont là!

  • En politique, l’union fait la force. 123RF

    En politique, l’union fait la force. 123RF

«Suicide, mode d’emploi»: si la droite genevoise souhaite diffuser un tous-ménages, à un peu plus de cinq mois des élections cantonales, le titre est tout trouvé! Jamais les différentes composantes de cette famille de pensée politique ne sont apparues, au stade de la pré-campagne, dans un ordre aussi dispersé. C’est le règne de la fragmentation, on s’observe, on se critique mutuellement, on se flingue par petites phrases interposées, on se jalouse, on se déteste.

On en oublierait presque de parler de l’adversaire, le seul qui vaille, le seul qui mérite un combat acharné: la gauche. Cette dernière, ravie de contempler la discorde chez l’ennemi, se frotte les mains, se lèche les babines. S’apprête à savourer sa victoire d’avril 2023. Eh oui, la politique, c’est comme la guerre: unis, on gagne; divisés, on perd. C’est aussi simple que cela. Nul besoin d’avoir fréquenté d’antiques Sorbonnes pour s’en aviser.

Règlements de compte

L’obsession de tous? Un génitif pluriel de la langue latine, appelé le «quorum». Les fameux 7% de voix qu’il faut obtenir, pour avoir le droit de siéger au Parlement. Pas facile à atteindre pour les nouveaux partis (Verts’libéraux, par exemple). Pas facile, non plus, à conserver, pour les partis déjà installés qui craignent de le perdre (MCG, UDC, Ensemble à Gauche, voire… PDC). A vrai dire, tous ont la trouille! On dira que c’est un beau moteur, c’est motivant. Hélas, l’impression qui domine est celle des règlements de comptes intérieurs à la droite, le plus spectaculaire étant l’actuel climat entre PLR et MCG. Une véritable catastrophe!

Un soir, à Genève à Chaud, le président du MCG, dans un débat sur la grève des fonctionnaires, interpelle un avocat PLR, député, sur le montant de ses honoraires. Le lendemain, sur un réseau social, un ancien président du MCG se livre à la même attaque, face à un autre avocat PLR, député, l’un des meilleurs du Grand Conseil. C’est bas, c’est sous la ceinture, ça n’est pas du niveau du débat politique. Du moins pas celui que, pour ma part, j’entends maintenir dans les différentes arènes où s’affrontent les idées.

S’entredéchirer pour le quorum

Bouffer du PLR: quelle mouche a piqué le MCG? Ils n’ont rien d’autre à faire? Aucun autre adversaire prioritaire? Mais ça n’est pas tout: l’écueil qui guette la droite genevoise, c’est la fragmentation de l’offre, en son sein. UDC, MCG, PLR, PDC, Verts’libéraux, nouveau parti de Pierre Maudet, voire celui de Luc Barthassat. C’est peut-être rafraîchissant, mais c’est beaucoup trop!

Cette joyeuse dispersion promet, à l’intérieur des droites, une bagarre généralisée, que seul le magnifique poème Les Ouménés de Bonada, d’Henri Michaux (dont je vous recommande absolument la lecture) peut restituer à sa juste mesure. On va s’entre-déchirer, à droite, pour le quorum. Pendant ce temps, la gauche, toujours disciplinée en période électorale, avancera en ordre de bataille. Pour le Grand Conseil, et surtout pour le Conseil d’Etat, cette attitude paye. La dispersion, elle, mène toujours à la défaite.