Fermeture de la Fraîche: Une pétition pour le retour du restaurant

RESTAURATION • Le texte réclame que le bar associatif la Fraîche puisse rester à Saint-Jean alors que son bail menace d’être résilié. L’association qui exploite l’endroit veut y croire et cherche une solution.

  • L’association la Fraîche déposera probablement un recours pour s’opposer à la résiliation de son bail par la Coopérative des voies couvertes. En médaillon, Coline de Senarclens.

    L’association la Fraîche déposera probablement un recours pour s’opposer à la résiliation de son bail par la Coopérative des voies couvertes. TR.

«Nous demandons à la Coopérative de bien vouloir reconsidérer sa décision, de manière à maintenir cet îlot de convivialité.» Voilà ce que réclament plusieurs habitants du quartier de Saint-Jean. Ce groupe de riverains est à l’origine d’une pétition qui a réuni plus de 500 signatures depuis son lancement mi-février. Ils protestent contre la fermeture définitive qu’entraînerait la résiliation du bail de la Fraîche, un restaurant associatif ouvert il y a un an.

«Convivialité»

«La Fraîche s’est révélée être un lieu de rencontre et d’échanges», écrivent notamment les pétitionnaires, saluant le travail de l’équipe exploitante. Et d’ajouter, en langage inclusif: «Nous avons été séduit.e.s par un bistrot à vocation intergénérationnel, multiculturel et comblant un vide sur les voies couvertes. Nous sommes profondément attristé.e.s par la potentielle disparition d’un lieu qui, depuis presque une année, a insufflé une nouvelle énergie dans le quartier.»

Quand bien même elle n’est pas à l’origine de la pétition, Coline de Senarclens, membre du comité de la Fraîche et co-initiatrice du projet, se réjouit de ce soutien populaire: «Cela montre que de nombreuses personnes estiment qu’on a besoin d’un tel lieu». Pour Coline de Senarclens, le fonctionnement associatif rend la gouvernance complexe. Ce qui pourrait expliquer en partie la résiliation du bail. «C’est le propre de ce type de structure: on tâtonne, on débat et on s’adapte», estime-t-elle.

La Fraîche a, de son côté, demandé à la Coopérative d’expliquer les raisons de la résiliation du bail et a réclamé une médiation pour trouver une solution. «Les raisons évoquées actuellement sont liées au fait que certains des gérants signataires ont cessé de diriger eux-mêmes le restaurant. Pourtant, cet état de fait est connu depuis longtemps. Dans tous les cas, nous souhaitons que la discussion soit possible, au-delà des procédures administratives», explique Coline de Sernarclens.

Business

Optimiste, la Fraîche ne baisse pourtant pas les bras. «Après la pandémie et ses conséquences, cette résiliation intervient au pire moment», regrette Coline de Senarclens. En effet, l’établissement a été contraint de fermer ses portes quelque temps et ne souhaite pas que cette fermeture se prolonge au-delà du raisonnable. L’association déposera donc vraisemblablement un recours contre la décision de résilier le bail. «Nous ne pouvons pas en rester là. Nous continuons de discuter avec le bailleur dans une perspective de conciliation», prévient la membre de l’association, craignant qu’autrement ce ne soit la faillite.

Plus largement, Coline de Senarclens s’interroge sur la place que Genève souhaite laisser à ces bistrots associatifs. «Il est particulièrement difficile d’ouvrir un projet qui ne soit pas orienté vers l’argent et le business», déplore la co-initiatrice. Une référence à la Bretelle, un autre établissement associatif qui a connu des difficultés récemment (lire encadré). Et de préciser: «Vis-à-vis des autres restaurants, nous avons des défis supplémentaires puisque nous portons des valeurs et fonctionnons de manière démocratique. Pourtant, nous ne bénéficions d’aucune facilité.»

La Bretelle gagne contre l’Etat

Elle était jugée «trop bénévole» et risquait la fermeture pour des questions administratives. Finalement, la Bretelle, bar associatif tout comme la Fraîche, a pu rouvrir ses portes le 4 janvier.
Rappelez-vous: en décembre de l’année dernière, la Police du commerce et de lutte contre le travail au noir (PCTN) avait exprimé des doutes sur le fonctionnement de l’établissement historique situé rue des Etuves. Leur crainte étant que l’exploitant bénévole soit... exploité!

Soulagement

«Nous avons trouvé une solution mais cela n’a pas été simple», raconte, soulagé, Yann Waechter, exploitant et membre du comité de la Bretelle. Pour que le dossier soit accepté par la PCTN, il aura fallu jongler avec les pourcentages. « Comme je travaille à 60% à côté de la Bretelle, je peux désormais officiellement occuper le poste d’exploitant sans dépasser les 100%. Même si nous estimons que notre activité ici est bénévole et ne devrait pas être considérée de la même manière qu’un travail salarié.»

Davantage de souplesse

Malgré cette solution, l’association se montre prudente. «On comprend qu’il y a des règles à respecter en matière de droit du travail. Mais il ne faut pas oublier qu’une association propose un modèle alternatif, dans lequel les décisions se prennent à plusieurs. Nous espérons surtout que l’administration sera plus sensible, de sorte à privilégier le dialogue», espère Yann Waechter.