HIC ET NUNC

Révélée ce dimanche 2 octobre par la presse dominicale, la dernière étude de Pro Senectute nous livre un chiffre terrible sur la situation des personnes âgées en Suisse: 46'000 d’entre elles vivent dans une situation de pauvreté extrême. Moins de 2279 francs par mois, aucune réserve. Dans le seul Canton du Tessin, près d’un tiers des retraités sont dans la précarité.

On peut voter tant qu’on veut sur l’avenir de l’AVS, reculer d’un an l’âge de la retraite des femmes, couper le pays en deux le temps d’un dimanche électoral, provoquer une troisième mi-temps dans la rue, tout cela est une chose. Mais ça reste bien lointain: l’AVS, fleuron de nos assurances sociales, né d’un compromis historique et passionnant juste après la guerre, est un immense paquebot, lourd à manœuvrer.

Alors que là, nous parlons d’ici et maintenant, hic et nunc comme on dit en latin. Les rentes, désespérément, demeurent malingres. Ridicules, même, dans un canton comme Genève, où le coût de la vie est exorbitant. Alors, on compense par des rentes complémentaires, en clair l’argent du contribuable. Le serpent se mord la queue.

Je le dis, ici, depuis des années: la dignité de vie de nos aînés doit figurer au sommet de nos préoccupations. Et en tête de nos budgets sociaux. De l’argent, à Genève, en Suisse, il y en a! Il appartient à notre corps social d’affecter les aides aux plus faibles des nôtres, je dis bien «les nôtres». Il en va de notre cohésion interne, donc de l’essence même de notre communauté nationale.