Joël Dicker: « J’ai voulu raconter Genève comme un personnage »

LITTÉRATURE - Le 27 février sort en librairie "Un animal sauvage", le 7e roman de Joël Dicker. Ce polar doublé d’un thriller psychologique paraît chez Rosie & Wolfe, la maison d’édition qu’il a créée en 2021. Rencontre avec l’auteur.

  • Photo Anoush Abrar

"Les meurtres, j’en ai un peu fait le tour"

GHI: Comment est née l’histoire de ce roman ?
Joël Dicker: C’est parti d’une envie, celle de raconter Genève. J’avais envie que ça se passe ici, de raconter cette ville qui est la mienne. Puis viennent par couches, les personnages, l’intrigue, etc. Je ne m’inspire de rien de précis, sauf de mon imaginaire.

C’est votre premier roman où l’intrigue se déroule à Genève. Est-il plus facile d’écrire sur la ville où vous habitez ?
Avant, c’était impossible pour moi de raconter Genève parce que j’avais l’impression que la fiction et la réalité s’entrechoquaient. Aujourd’hui je pense avoir passé une étape car écrire sur la ville que je connais le mieux m’offre vraiment une grande liberté. J’avais déjà utilisé Genève comme décor dans L’énigme de la chambre 622. Là elle est plus qu’un décor, elle est un peu un personnage…

Les endroits de Genève que vous décrivez, ce sont aussi des lieux où vos lecteurs peuvent un jour tomber sur vous ?
Pas spécialement, Genève étant une petite ville, je rencontre mes lecteurs un peu partout. J’ai surtout choisi des endroits que je trouvais très iconiques. Par exemple, les Bergues parce que ça reste le plus vieux palace. Si vous prenez une photo de Genève de 1850 ce bâtiment était déjà là. J’aime bien l’idée d’être dans des endroits qui ont passé le temps... Sinon, j’ai pris Cologny par exemple car elle représente bien cette spécificité de notre canton où la campagne se trouve à 15 min de l’hypercentre.

Vos autres romans parlent plutôt de meurtres. Pourquoi avoir associé Genève à un braquage ?
Les meurtres, j’en ai un peu fait le tour, même si l'enquête-polar me titille toujours et que j'y reviendrai sûrement. J’avais envie d’expérimenter autre chose. Un braquage, c’est tout simplement parce qu’il s’agit d’une expérience possible à Genève. Une fois cette association d’idées faite, je prends le contre-pieds : ce n’est pas un fait divers, ce n’est pas un hasard, il y a quelque chose qui se cache derrière tout ça.

Ce livre parle de relations de couple, de mensonge, d’adultère, d’amitié. L’aspect psychologique est important pour vous ?
C’est quelque chose qui m’a toujours intéressé. Si cela ressort plus particulièrement ici, c'est peut-être que maintenant avec l'expérience, je suis plus capable de restituer cet aspect-là. L’intrigue seule ne provoque qu’un ressenti au moment de la lecture et le plaisir s’estompe une fois le livre fini. Alors que les personnages et leurs situations rendent l’expérience de lecture plus durable…

Vous nous avez habitués à des romans de 600 pages. Celui-ci n’en fait que 400…
Cela faisait longtemps que je voulais travailler sur un texte plus dense, plus nerveux, plus efficace, à la manière de certains auteurs de la littérature nord-américaine. Je ne me suis rien interdit, je ne me suis pas imposé d’écrire un livre de 400 pages. Simplement quand je partais dans du hors-piste ou que je m’emballais, j’ai coupé. Au fil des versions, j’ai quand même supprimé 300 pages.

Y aurait-il un conseil que vous aimeriez donner à de jeunes auteurs qui se lancent ?
Écrire, écrire, écrire ! Se faire confiance, avoir des doutes c'est bien, mais ne pas demander trop de conseils à gauche et à droite pour éviter de se perdre. Sur mon site internet je donne aussi quelques astuces techniques. Mais l'idée c'est vraiment de constamment retravailler, je crois qu'on ne peut jamais trop écrire un texte…