La dérive des océans

Dans l’affaire ukrainienne, nous devons garder la tête froide. Et tenter de comprendre. Par exemple, bien considérer que l’Otan, ça n’est pas un club de gentils. L’Otan, ce sont les intérêts des Etats-Unis d’Amérique, avec leurs vassaux et affidés, en Europe. Jusqu’à la chute du Mur, et même deux ans après (1991), il y avait, face à l’Otan, le pacte de Varsovie. Même structure, mais à l’Est, avec comme patron l’Union soviétique. Le monde était séparé en deux blocs, c’était la guerre froide.

Lorsque le Mur est tombé, le monde de l’Est s’est écroulé. L’Union soviétique s’est dissoute (fin 1991), avec elle, le pacte de Varsovie. Mais le monde atlantiste, en face, sous la bannière américaine, était, lui, en pleine forme. Gonflé à bloc. Persuadé d’avoir, une fois pour toutes, terrassé l’empire du mal. Les années Reagan et Bush père, filles du maccarthysme le plus manichéen, avaient fait leur œuvre: le Bien avait vaincu le Mal. Le perdant s’était auto-détruit. Il était normal, en compensation, que le gagnant se sente pousser des ailes.

Les ailes? Elles ont porté l’Otan sur des marches de l’Europe orientale, où il n’était absolument pas prévu qu’elles fissent leur apparition: la Pologne, les Pays Baltes sont devenus membres de cette organisation dite «de l’Atlantique Nord». C’est pousser tout de même un peu loin les dérives des océans!

A vrai dire, les Etats-Unis multiplient, depuis trente ans, les provocations. La vieille Russie, blessée, a longtemps fait le dos rond. Ce temps-là est révolu. Il ne s’agit pas ici de justifier. Mais d’expliquer. Avec des causes et des conséquences, tout simplement.