La tour de Champel s’effrite

CHEF-D’ŒUVRE EN PÉRIL • Selon des habitants, les vibrations du chantier du CEVA auraient fragilisé l’édifice. Attention, chutes de pierres!

  • La tour de Champel, nouvelle tour de Pise? STÉPHANE CHOLLET

    La tour de Champel, nouvelle tour de Pise? STÉPHANE CHOLLET

La tour de Champel va-t-elle s’effondrer? En tout cas, elle s’effrite! «Des gravats tombent sur la pelouse du parc. L’édifice est désormais entouré de barrières pour protéger les promeneurs des chutes de pierres», témoigne un groupe d’habitants, qui pointe déjà du doigt les vibrations du chantier du CEVA, distant d’une vingtaine de mètres.

Rapport de cause à effet, vraiment? Du côté de la Ville de Genève, on se contente, pour l’instant, d’observer le phénomène. «Nos barrières vont rester en place le temps de procéder à l’expertise des lieux. Ce travail sera mené par des historiens, des tailleurs de pierre et des ingénieurs civils», souligne Anaïs Balabazan, chargée de communication au Département des constructions et de l’aménagement.

Tour d’opérette

Pour mémoire, cette fausse tour médiévale avait été construite sur la falaise en 1878, avec des pierres des anciennes fortifications, pour égayer la clientèle souffreteuse des bains de Champel, installés jadis en bordure de l’Arve.

Après la fermeture de l’établissement thermal, l’ouvrage allait tomber en décrépitude. Le «Château» Montjoie, le pavillon attenant, sera ainsi démoli dans les années 70. Un sort qu’aurait aussi pu connaître notre tour d’opérette, devenue aujourd’hui l’emblème du quartier.

Cadeau empoisonné

En 1976, le Conseil municipal décida pourtant d’instaurer une zone de non-bâtir autour de ce «chef-d’œuvre» en péril, ceinturé de nouvelles constructions. Au grand dam des promoteurs, propriétaires de la parcelle, qui proposèrent d’en faire don à la Ville. Un cadeau empoisonné, rapport à son entretien, que nos autorités acceptèrent finalement en 1988, après dix ans de négociations.

Attraction touristique

Cette étonnante tour à créneaux, ornée de bas-reliefs décrépis, sera finalement rénovée en 1996. Las, à moindre frais, la Ville se contentant d’en consolider la façade. Avant de fermer sa porte à double tours! Depuis, on ne peut donc plus grimper à son sommet pour admirer un panorama à couper le souffle. Dommage, car cette tour romantique constituerait une attraction touristique de choix. Surtout si elle devait se mettre à pencher, après le percement du tunnel…