La chasse au CO2 coûtera plus de 1 milliard par an

IMMOBILIER • Pour garantir le confort et la sécurité des Genevois, il faudrait rénover près de 80'000 bâtiments anciens.

  • Emissions de CO2

    Emissions de CO2

Le chiffre est énorme: 55 milliards de francs pour garantir le confort et la sécurité des Genevois, tout en réalisant la sortie du nucléaire et en diminuant massivement nos émissions de CO2. A titre de comparaison, le produit cantonal brut tourne autour de 40 milliards de francs par an. D'une manière ou d'une autre, il va falloir mettre la main à la poche et concevoir des sacrifices. Pour la première fois, l'association Noé21 (pour Nouvelle orientation économique pour le XXIe siècle), basée à Genève, a pu chiffrer l'ampleur des investissements à réaliser pour rénover l'ensemble du parc immobilier du canton de Genève dans les années qui viennent. Soit 80'000 objets (bâtiments administratifs, maisons individuelles, habitat collectif…).

Pourquoi rénover le parc immobilier? Parce que beaucoup de bâtiments sont mal isolés et que leur chauffage engloutit la moitié de l'énergie consommée dans le canton. Or, précise l'association Noé21, pour éviter l'emballement des changements climatiques, les scientifiques de l'ONU estiment que «les pays industrialisés doivent réduire leurs émissions de CO2 de 80 à 95% d'ici 2050». Actuellement, entre le gaz et le mazout, les bâtiments genevois rejettent 1'307'848 tonnes de CO2 par an dans l'atmosphère. «Cette étude est un point de départ pour une réflexion.

Les Genevois doivent prendre conscience que la rénovation de l'ensemble du parc immobilier est une entreprise très ambitieuse, qui va coûter fort cher», commente le chimiste Félix Dalang, l'auteur principal de l'étude réalisée par Noé21.Sur quarante ansBien évidemment, cette rénovation énergétique, allant du sol au plafond, ou plutôt des toitures aux façades, en passant par les fenêtres, devrait s'étaler sur une quarantaine d'années. Tout en évoquant des investissements «gigantesques», Noé21 parle d'un «surcoût d'un milliard de francs par an», ajoutant qu'il s'agit d'une dépense «de quelques pour cent du produit cantonal brut». Mais comment sortir cette somme? Ce sera aux politiques de répondre à cette question. Et ce ne sera pas facile. Les financements ne sont pas les mêmes, qu'il s'agisse de logements sociaux, d'entreprises, d'administrations, d'immeubles haut de gamme ou de villas dans la deuxième couronne.

Mais inutile de sombrer dans la morosité. Il faut savoir que les bâtiments genevois rejettent moins de CO2 dans l'atmosphère que durant les années 1980-2000, où un pic à plus de 1,6 million de tonnes de dioxyde de carbone avait été atteint. La Ville de Genève mène déjà des actions pour l'assainissement énergétique de notre parc immobilier. Par ailleurs, toutes ces dépenses ne serviront pas uniquement à lutter contre le réchauffement climatique. Nous verrons aussi nos frais de chauffage diminuer, nous respirerons un air meilleur, nous serons mieux protégés contre le bruit. Sans oublier la création de nouveaux emplois.

L'étude, fort sérieuse, qui a duré plus d'une année, n'est pas avare de chiffres. Elle nous apprend qu'éviter l'émission d'une tonne de CO2 coûtera finalement «un peu moins de 800 francs en comptant une durée d'amortissement de 50 ans». Quant à l'économie d'un KWh par an, cela reviendra à environ 10 francs. C'est presque donné…