Les vacances du Petit Nicolas

PERTES • Le sauveur de Swiss vient d'annoncer une perte de 460 millions de francs pour le premier trimestre 2012, et la suppression de 3500 emplois. De quoi inquiéter le personnel de Swiss.

  • est la vache à lait de

Il y a quelques mois, les analystes financiers sautaient de joie en évoquant les prouesses de Swiss. Rachetée par Lufthansa en 2005, la compagnie helvétique battait tous les records. En 2011, elle dépassait les 15 millions de passagers transportés, davantage que Swissair en 2000. En clair, tout allait pour le mieux dans le monde merveilleux de l'aérien. On en oubliait les prévisions assez pessimistes de l'Association du transport aérien international (IATA) de décembre 2011. «Aujourd'hui, le plus grand risque pour le transport aérien serait l'échec des gouvernements à résoudre la crise de la dette dans la zone euro. Cela nous ramènerait au pire moment de la crise de 2008», estimait Tony Tyler, le directeur général de IATA.

Milliers d'emplois supprimés

Quand il y a ralentissement de l'économie, les gens prennent en effet moins l'avion, et les entreprises économisent. Elles demandent à leurs salariés de choisir le train ou de grimper dans un low cost, comme EasyJet. La semaine dernière, le géant Lufthansa, habituellement présenté comme la compagnie la plus solide du continent européen, a reconnu une perte de 460 millions de francs pour le premier trimestre 2012. Et un plan drastique de suppression d'emplois estimé à 3500 postes à temps complet. Encore une fois, comment en est-on arrivé là? Les compagnies aériennes ont une curieuse façon de communiquer. Pendant des mois, elles chantent sur tous les tons «Tout va très bien Madame la Marquise». Et puis brusquement, sans crier gare, elles annoncent de lourdes pertes.

Vache à lait

Tout le monde se souvient des mensonges des dirigeants de Swissair. Ils juraient que la situation était sous contrôle, promettaient même un léger bénéfice. Et puis, patatras, le 2 octobre 2001, les avions de la compagnie à croix blanche étaient cloués sur le tarmac de l'aéroport de Zurich! Tous les appareils encore à l'étranger avaient été rappelés de toute urgence en Suisse, de peur d'être saisis par les créanciers!Certes, la situation est aujourd'hui beaucoup moins dramatique. Swiss se porte bien. C'est même la vache à lait de Lufthansa (368 millions de bénéfices en 2010). Le problème, c'est que la fonction première d'une vache à lait, c'est de se faire traire. D'autant que les éclaircies sont rares dans le ciel européen. Il y a d'abord le prix du kérosène, qui ne cesse de grimper. Ensuite, la récession économique, qui frappe tout le sud de l'Europe, Grèce, Italie, Espagne, Portugal, Chypre.

Plombée par sa dette

Une récession dans une région provoque un ralentissement chez ses voisins mieux portants comme l'Allemagne et la Suisse. Le correspondant à Francfort du quotidien économique Les Echos laisse entendre que «certains vols directs, c'est-à-dire hors des plates-formes allemandes que sont Francfort et Munich, seront opérés par l'une ou par l'autre». Traduction: Swiss, notamment Zurich, pourrait perdre certains vols directs.De quoi donner de nouvelles sueurs froides aux 8000 salariés de Swiss. Ils ont eu très peur en 2001, à la chute de Swissair. Peur en 2005, lors du rachat par Lufthansa. Ils ont de nouveau la frousse aujourd'hui, au sein d'un géant de l'aviation. Quand l'aérien cessera-t-il de chuter de crise en crise?