Plus de 5500 signatures ont été collectées contre la loi sur les déchets

RÉFÉRENDUM • Des habitants de Satigny, dont des élus, réclament un tri des poubelles noires avant incinération. Un combat qui se trompe de cible selon le chef du Département du territoire, Antonio Hodgers.

  • Sortera est une machine utilisée depuis 2018 pour trier les déchets des entreprises. 123RF

    Sortera est une machine utilisée depuis 2018 pour trier les déchets des entreprises. 123RF

«Si les référendaires réussissent, il y aura moins de tri et plus de déchets»

Antonio Hodgers, conseiller d’Etat chargé du Territoire

Près de 5700 paraphes avaient été recueillis par les référendaires le 18 octobre, à l’heure où nous mettions sous presse. Ce mardi n’était autre que le dernier jour de récolte des signatures pour ce référendum contre la loi sur les déchets, adoptée le 2 septembre par le Grand Conseil par 92 oui et 2 non.

Pourquoi s’attaquer à une loi qui a obtenu un tel consensus? «Parce qu’elle ne va pas assez loin!» critique Willy Cretegny, conseiller administratif de Satigny. Selon lui et les autres référendaires, parmi lesquels Anne Penet, maire de Satigny, l’obligation de trier les déchets faite aux particuliers devrait s’accompagner d’un tri final des sacs-poubelles avant incinération.

40’000 tonnes de mâchefers inutilisables

«Aujourd’hui, on trie 51 à 52% de nos déchets. Reste 48% qui va dans les sacs-poubelle noirs. Des sacs qui vont directement à l’incinérateur, sans être ouverts. Résultat: les mâchefers qui en ressortent sont pollués. On y retrouve du cuivre en raison de la présence de piles ou encore du plomb venant de la porcelaine des assiettes cassées.»

Or, l’ordonnance fédérale sur la limitation et l’élimination des déchets (OLED) prévoit la possibilité d’utiliser ces déchets pour fabriquer du ciment ou du béton, à condition que la présence de métaux lourds soit en dessous d’un certain seuil. «Les quelques 40’000 tonnes de mâchefers produits chaque année à Genève sont inutilisables car trop pollués», déplore Willy Cretegny.

L’objectif du tri avant incinération serait donc d’éliminer la porcelaine, et de retirer les piles, les objets électriques, «non plus dans une logique de valorisation des matières mais bien dans le but de dépolluer les déchets avant de les faire brûler pour obtenir un mâchefer conforme à l’OLED».

Quid du coût d’une telle opération? «La décharge aussi à un coût», rétorque d’emblée Willy Cretegny. Il rappelle aussi qu’une machine existe. «Elle s’appelle Sortera, confirme Thierry Vialenc, directeur général de Sogetri. On l’utilise depuis 2018 pour trier les déchets des entreprises.» Une étude est envisagée pour effectuer un test sur les ordures ménagères. «On attend le feu vert du Canton», précise Thierry Vialenc.

«Une opération test est en cours de réflexion pour évaluer la faisabilité, l’intérêt et les coûts», confirme Antonio Hodgers, conseiller d’Etat chargé du Territoire. «Mais, il ne faut pas se leurrer: on ne pourra jamais les éliminer complètement. Un lieu de stockage reste nécessaire pour ne pas continuer à exporter des déchets genevois.»

Future décharge à Satigny?

A l’heure actuelle et en raison de la saturation du site de Châtillon à Bernex, les mâchefers sont envoyés et stockés dans le Jura (et ce jusqu’en 2024). Le site de Bourdigny à Satigny a été identifié pour accueillir la future décharge de mâchefers. D’où l’implication des élus de Satigny? «On ne dit pas: pas de ça chez nous, se défend Willy Cretegny. On dit qu’on ne peut plus continuer à incinérer des déchets à l’aveugle et on propose une solution.»

Pas de quoi convaincre Antonio Hodgers qui estime que «lancer un référendum sur l’une des lois les plus ambitieuses de Suisse en matière de déchets est absurde, surtout au nom de l’écologie. Si les référendaires réussissent, il y aura moins de tri et plus de déchets.» Le peuple pourrait être amené à arbitrer.