Il y a encore quelques années, ce petit lopin de terre coincé entre le Cycle de Montbrillant et l’ancien centre postal n’intéressait personne. Pendant des années, ces 5000 m², à deux pas de la gare, faisaient même davantage penser à un terrain vague, avec la particularité – tout de même – de posséder de nombreux arbres. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui le terrain est convoité par deux catégories distinctes de la population: d’une part les jeunes du quartier, qui souhaitent qu’un skatepark voie le jour, de l’autre les propriétaires de chiens, qui viennent ici pour promener leur animal.
Un combat d’ores et déjà tranché par le Conseil municipal: c’est bien un skatepark, d’abord provisoire, qui verra le jour, ont décidé les élus. Pour cela, deux crédits ont été votés, l’un de 600’000 francs pour la première partie éphémère, l’autre de 500'000 francs pour étudier les possibilités pour rendre l’installation définitive.
Bétonisation
De quoi fâcher les propriétaires de chiens du quartier et certains habitants, qui se sont approprié l’endroit ces dernières années, avec l’aval des autorités. Pourquoi? Car le parc à chiens normalement prévu pour les canidés des Grottes, situé dans le parc des Cropettes, ne satisfait pas les propriétaires. En cause, sa trop grande proximité avec la route et avec les trafics des dealers.
«Nous avons l’impression de n’avoir pas été entendus. Nous sommes déçus de voir qu’un skatepark verra bien le jour ici», regrette Anna, au nom du collectif des propriétaires de chiens et habitants du quartier des Grottes, Cropettes et Montbrillant. Plusieurs arguments sont avancés pour s’opposer au projet, notamment d’ordre écologique. «Le sol doit être bétonné. Comment peut-on réaliser un nouvel îlot de chaleur alors que la problématique devient de plus en plus urgente? Artificialiser un sol actuellement perméable est un non-sens. De plus, les arbres sont mis en grand danger si le projet voit le jour: ils ne pourront pas recevoir assez d’eau et l’OCAN_explique très bien dans son rapport d’activité 2022 qu’un stress hydrique peut causer leur mort. Comme s’il n’y avait pas assez de surfaces déjà bétonnées en ville.», regrette Anna, qui se demande pourquoi un autre lieu n’a pas été envisagé, comme un parking ou le toit d’un autre bâtiment.
Un nouveau parc à chiens
Le collectif, qui s’étonne de la hauteur des crédits acceptés, reproche également un manque de concertation de la part des autorités et de l’association derrière le projet de skatepark. «Nous avons écrit des nombreux courriers pour demander à être écoutés sur nos revendications. Mais nous n’avons jamais été approchés», assure un habitant. Quoi qu’il en soit, les membres du collectif et les habitants mécontents ne sont pas parvenus à déposer un recours à temps. Seule consolation: une somme de 70'000 francs leur est octroyée pour un projet de nouveau parc à chien dans le secteur.
De l’autre côté, les partisans du skatepark défendent leur projet, qu’ils se réjouissent de voir sortir de terre. «Je comprends que ce soit triste pour des gens qui occupaient ce terrain pour promener leurs chiens. Mais il faut se rappeler que nous avons été les premiers à lancer quelque chose pour ce lieu qu’auparavant personne ne revendiquait!», rappelle David Scholberg, membre de l’association Espace freestyle Montrbrillant – Grottes (EFM).
Pas question donc de chercher un autre lieu. Rappelant que le skateboard est désormais une discipline olympique connaissant une popularité grandissante, l’association estime que ce projet répond à un véritable besoin, un argument qui a fait mouche auprès des autorités .
Projet équilibré
Concernant la bétonnisation, les pro-skatepark tiennent à nuancer. «Le projet est très équilibré. Seul s20% du lieu seront bétonnés et aucun arbre ne sera coupé. De plus, nous avons privilégié un revêtement bleu, plus cher, mais plus respectueux de l’environnement», détaille l’EFM. Bons joueurs, les skateurs espèrent tout de même que les propriétaires de chiens mécontents trouveront un nouveau lieu. «Nous espérons qu’ils se focalisent désormais sur la sélection d’un nouveau parc à chiens avec le crédit qui leu a été alloué», conclut David Scholberg.