Eloge de l’imperfection assumée

Pour une fois, je ne vous parle pas (que) d’économie. Mais plutôt d’un constat qui se vérifie jour après jour, sur les réseaux sociaux, à la télévision ou autour d’un barbecue dominical.

Aujourd’hui donc, pour être bien sous tous rapports, il faut se revendiquer féministe, rejoindre le mouvement anti-avion, devenir végan, cacher sa richesse, rouler à vélo électrique plutôt qu’en SUV, clamer que les migrants sont une chance, être favorable à l’écriture inclusive, souligner l’importance de la liberté d’expression, accepter le débat, se vexer au moindre argument contradictoire, entretenir son potager urbain, manger cinq fruits et légumes par jour, se dire incommodé par la fumée de cigarette, dire aux vapoteurs que l’on ne connaît pas les effets à long terme de leurs produits, faire ses courses au rayon bio, voter au centre de l’échiquier politique, préférer le jus de goyave au vin, inscrire son enfant à des cours de yoga, commander un Moscow Mule, s’offusquer des dérapages du président Donald Trump, regretter la coolitude de son prédécesseur Barack Obama, ne rien comprendre en politique, haïr les multinationales, vanter les mérites du commerce local, commander le dernier jeans tendance sur Zalando, regretter l’époque où Facebook n’existait pas, commenter sa vie sur les réseaux sociaux, dévorer le dernier Michel Houellebecq, cracher sur la culture mainstream, acheter des écouteurs sans fil pour son smartphone, partir en vacances en Bretagne, ramener une marinière, regretter son achat, la mettre quand même, prôner son amour immodéré pour la simplicité de la vie, organiser un vide dressing dans son jardin, créer sa bière artisanale, vouloir ouvrir un bar sur une plage brésilienne, recommencer, encore et encore.

Bref, si vous ne faites rien de ce qui précède, vous avez résisté à la tyrannie du politiquement correct. Et vous avez bien raison.